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WEBLIOGRAPHIE DE LA CIVILISATION CHINOISE

par

Daniel Arthur Laprès

 

 

 
 


LA SOCIETE CHINOISE



La langue chinoise
 

La langue orale chinoise est déclinée dans un nombre incalculable de dialectes, mais un dialecte, appelé le mandarin, est la langue nationale officielle (guo yu) et la langue la plus généralisée (pu tong hua). Les origines du dialecte officiel se situent dans le nord et il est très proche du dialecte pratiqué à Beijing. Cette langue est la langue d’instruction dans toutes les écoles en Chine et elle est la langue de l’administration sur tout le territoire.

Par contre, la langue écrite des chinois est largement uniforme sur tout le territoire et les communications et le développement d’une culture commune en ont été d’autant plus facilités. La langue écrite manifeste la particularité d’employer des signes correspondant à des pictogrammes comme mots ou composants de mots.

Considérant les possibilités de distinction offertes par les tons dans la langue orale et la démultiplication des signes dans la langue écrite, le chinois s’est développé une grammaire d’une relative simplicité par rapport aux langues occidentales. Par contre, la syntaxe chinoise offre une richesse infinie d’expressions notamment à travers les épi phrases en 4 caractères dont raffolent les chinois.

La langue orale chinoise est très variée; un cantonais n’a pas plus de chance de pouvoir communiquer avec un compatriote de Shanghai dans leur dialecte respectif qu’un français avec un italien, voire un allemand. Certains dialectes sont spécifiques à des régions (au nord de la Chine, le mandarin est le vernaculaire), d’autres à des villes et leurs alentours (Shanghai); souvent les périmètres d’implantation d’un dialecte ne couvrent que quelques centaines de kilomètres carrés (par exemple, le ningbohua ou le wenzhouhua).

Le chinois oral a recours à des déclinaisons de tons pour spécifier le sens des sons. Sauf à s’habituer à ces nuances à un jeune âge, la maîtrise des tons est extrêmement difficile pour les apprentis de la langue. En fait, l’exploitation des tons implique l’utilisation de zones du cerveau auxquelles appel n’est pas fait dans la pratique des langues sans tons. Il ne faut pas confondre ton et accent, en ce sens que l’on peut entendre des chinois de régions diverses parlant le mandarin avec leur accent régional tout en observant que leur prononciation des tons est conforme. D’un autre côté, les chinois moins formés dont la langue maternelle n‘est pas le mandarin parle cette langue approximativement au point d’être souvent difficilement compréhensibles. A l’école primaire en Chine, les élèves travaillent très assidûment pour perfectionner leurs tons. Quand un chinois écoute un étranger parler sa langue, sa première observation porte probablement sur la maîtrise des tons pour évaluer la qualité du chinois parlé.

Le mandarin contemporain utilise 4 tons : le ton dit le premier est plat, le second ascendant, le troisième baissant et ensuite ascendant, le quatrième baissant. Jadis, les tons en mandarin étaient plus nombreux et étaient numérotés différemment. Il n’est pas possible d’établir un lien entre les tons des mots et leurs sens; ainsi un mot à connotation baissante ou diminuante peut avoir un ton ascendant, etc. Les erreurs de tons peuvent engendrer des malentendus, des contresens et des énormes embarras. Selon le ton utilisé un mot peut avoir un sens banal ou vulgaire; des exemples particulièrement délicats sont « shi » qui peut signifier entre autres mouillé, professeur, perdre, lion, poème, mettre en oeuvre (premier ton), connaissance, vrai, dix, pierre, temps, manger (deuxième ton), histoire, utiliser, essayer, commencer, excrément (troisième ton), être, chose, pièce, marché, reconnaître, monde, montrer, académicien, essayer, forme, pouvoir, explication, adapté, comme, clan, décoration (quatrième ton). « bi »
peut signifier forcer (premier ton - en en langage vulgaire - parties génitales), nez (deuxième ton), outil d’écriture, comparer (troisième ton ), argent, nécessité,  éviter, finir, parties génitales (quatrième ton).

La poésie chinoise est souvent composée en respectant des séries de combinaisons de tons.

Les jeux de mots su les tons amusent beaucoup les chinois. Les combinaisons de 4 caractères dont le message dépend des tons et de l’ordre des tons sont innombrables. Les chinois sont toujours prêts à trouver de quoi rire et de quoi s’émerveiller dans les combinaisons astucieuses de tons. Par exemple, le mot « fu » signifiant époux dans le premier ton et épouse dans le quatrième ton, il est facile d’imaginer des inversions susceptibles de chatouiller l’humour des sinophones. Ces jeux peuvent tourner à l’exercice, voire au défi de niveau culturel puisque les plus abstrus des exercices peuvent dépasser même les chinois très éduqués.

Les premiers caractères écrits en chinois, qui remontent à la nuit des temps, et en tout cas à au moins 1500 avant JC, ans, ont été des idéogrammes. On les a observés sur des fragments d’os et d’écailles de la dynastie Shang. Par exemple, le mot pour « soleil » était écrit sous forme d’un cercle avec un point au centre. L’idéogramme désignant l’homme était formé par deux coups de pinceau inclinés une fois à gauche et une fois à droite à partir d’un point de jonction en haut. L’apposition côté à côté de deux idéogrammes d’homme crée le mot « suivre ». D’autres caractères sont formés par la superposition d’éléments (dans « shang », « sur » on voit un trait vertical posé en perpendiculaire sur un trait horizontal) et encore d’autres par le télescopage des éléments (« ri », jour formé par un point au centre d’un carré).

Les traces des premiers efforts de normalisation des caractères et de leurs significations datent de l’époque de la dynastie Zhou de l’ouest. Le Premier Empereur de la dynastie Qin qui a unifié pour la première fois le pays a également cherché à créer une langue chinoise unifiée. Des travaux de philologie (« xiaoxue ») visait la classification et la systématisation des caractères. Au cours de la dynastie Han de l’est, un académicien, Xu Shen, a écrit le « Shuo Wen Jie Zi » (« Explications de la Langue Orale et Ecrite »), soit le premier dictionnaire de l’histoire chinoise. Cette œuvre, fruit de 20 ans de travail, comportait 9.453 entrées. Xu a classifié les caractères en fonction des structures et des compositions développés à partir de 540 radicaux. Pour chaque caractère, il fournit des explications de sa composition et de ses significations, ainsi que des notations phonétiques en association avec des homonymes ou quasi homonymes. Il s’agit d’un des plus anciens dictionnaires au monde.

La méthodologie de l’écriture chinoise part des divers coups de pinceau, dont il y en a 8 : le point, l’horizontal, le vertical, l’incliné à gauche, l’incliné à droite, le montant, le tournant et le crochet. Nécessairement les compositions de caractères manifesteront des ressemblances.

Les éléments ressemblants des caractères sont désignés des radicaux, dont certains mais pas tous sont des caractères en tant que tels. En général, les radicaux d’apparence similaire auront des prononciations et/ou des sens identiques ou proches, mais ce n’est pas toujours le cas. Certains caractères ont plusieurs prononciations; quelques fois, il s’agit de différences de tons seulement, et d’autres fois de différences fondamentales de prononciation et/ou de signification. Les chinois affectionnent les jeux de mots exploitant les permutations engendrant des contresens, des doubles sens, des évocations littéraires ou historiques.

Pour rechercher un mot dans un dictionnaire chinois, il faut savoir reconnaître son radical, la présentation de l’ensemble des radicaux étant ordonnée en fonction des coups de pinceau les composant. Il existe de nombreux procédés de classification des radicaux, par exemple de nos jours les étudiants étrangers de la langue se servent fréquemment de dictionnaires répertoriés alphabétiquement.

En 1986, a été publié un Dictionnaire Chinois Complet en 12 volumes dont le seul premier volume contient 34.000 entrées et 5 millions de mots.

Les chinois ont agi proactivement pour protéger leur langue des importations de l’anglais pour désigner les nouveaux produits. Ainsi, les chinois ont opté pour l’association de leurs idéogrammes pour désigner les nouveaux objets et concepts. Par exemple, l’ordinateur n’est pas désigné en chinois suivant son en anglais mais par l’association des idéogrammes pour électrique et cervelle (dia nao).

Si le pin yin est très utile comme moyen d’apprentissage du chinois, il est fort peu probable qu’il remplace l’écriture traditionnelle qui a l’immense avantage de permettre à l’ensemble de s chinois de communiquer entre eux au moyen d’un langage écrit commun, quitte à ce que les caractères soient prononcés diversement dans les dialectes.

Le degré d’alphabétisme des chinois au cours de l’histoire est controversé. S’agissant d’un niveau de connaissances correspondant à la capacité de lire la poésie classique, si presque toutes les classes propriétaires de terre possédait une telle maîtrise, seulement quelques membres des classes moyennes étaient concernés.

Par contre, s’agissant d’un niveau adéquat pour lire des journaux (environ 600 caractères), les mâles parmi les classes moyennes avaient fréquemment ce niveau. S’agissant d’un niveau adéquat pour accomplir les tâches quotidiennes (environ 100 caractères), beaucoup de paysans étaient concernés. Ainsi aurait-on pu dire que dès 1935, 70% de la population mâle était alphabétisé et 95% des femmes l’étaient.

Une des plus grandes joies de la découverte du chinois est éprouvée au contact des compositions à 4 caractères. Certaines de ces combinaisons correspondent à des règles standardisées. Par exemple, le doublement peut traduire une accentuation: « gao gao xing xing » pour un très grand bonheur, ou encore une contradiction : « ma ma hu hu », « cheval tigre » signifiant « comme ci comme ça ». Les permutations plus complexes deviennent des éléments poétiques. Une des plus brillantes phrases de la poésie chinoise a été écrite pendant la dynastie Song par Li Qingzhao se termine avec les 4 caractères pour « vert gras rouge mince » (« lu fei hong shou ») communiquant le désarroi de la poétesse en raison de l’absence de son mari bien aimé qui atteint un tel paroxysme qu’elle ne fait plus la distinction entre vert et rouge ni entre gras et mince. Ces séries de 4 caractères ont des applications transversalement dans la communication en chinois.On passe du slogan publicitaire ou de la marque (« ke kou ke le », soit la marque Coca Cola qui signifie en chinois «  qui assouvit délicieusement la soif ») au slogan politique (« gai ge ka fang »), la politique prônée par Deng Xiao Ping consistant en la réforme et de l’ouverture de la Chine. Ces aphorismes en 4 caractères ont des origines dans tous les aspects de la civilisation chinoise : dans la mythologie, dans les fables, dans les légendes, dans les coutumes, dans l’humour, dans les oeuvres philosophiques, littéraires et historiques, etc. La capacité pour un étranger de manier quelques-unes de ces expressions est spécialement appréciée, mais, attention, la maîtrise des tons est absolument nécessaire (puisque le propos est dénué des mots de contexte susceptibles de camoufler ou faciliter la correction des erreurs de tons dans des phrases complètes). En prononçant les aphorismes à 4 caractères, les erreurs de tons engendrent des confusions que l’auditeur chinois ne manquera pas de remarquer, voire de faire remarquer, ce qui selon la nature de l’erreur de sens peut être très embarrassant.
 
 

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