par
Daniel
Arthur Laprès
Qian
Long
Qian Long est l'empereur
qui a régné le plus longtemps (63 ans à partir de
1736, comparé à 61 ans pour son grand-père Kang Xi).
Il a
été le plus
riche de tous les empereurs chinois. Il parlait et écrivait
couramment le manchou, le chinois, le mongole, le tibétain et la
langue des uighuirs (de confession islamique). Il a été le
plus prolifique des empereurs en poésie pour avoir écrit
des dizaines de milliers de vers ainsi qu'en littérature pour ses
300 rouleaux (Qing Gao Zong Sheng Xun). Il lui arrivait de réaliser
des compositions de mots de plusieurs langues. Il voyageait souvent à
travers le pays, ayant fait l'ascension du Mont Tai une demi-douzaine de
fois et ayant passé de nombreux et longs séjours à
Chengde.
Surtout à la fin de sa vie, il est devenu très suffisant.
Pendant son règne, une dizaine de campagnes militaires ont été entreprises. Toutes ont été déclarées des victoires, mais en réalité, il s'est souvent agi de demi-échecs, qui de toute façon ont été ruineuses pour le trésor impérial.
Tout comme Qian Long a mené
la dynastie à son apogée, autant l'arrivée a signalé
le renversement de la tendance. La confiance que
Qian Long a fait à
un conseiller corrompu, He Shen, a permis à ce dernier d'instaurer
un régime fonctionnant en fonction de corruption et son exemple
a inspiré l'ensemble de la fonction publique.
En comparaison avec l'Europe où s'enclenchait la révolution industrielle, la société chinoise est restée figée dans l'image qu'avait Qian Long de son pays au sommet de sa gloire, mais déjà engagée dans la pente descendante.
En 1783, une délégation anglaise est arrivée en Chine avec les objectifs de nouer des relations diplomatiques et d'ouvrir des échanges commerciaux. Qian Long était ravi car il s'attendait à ce qu'on pratique à son égard selon les rites chinois; seulement il semblerait que He Shen a géré les premières négociations et qu'il ait expliqué aux étrangers des gesticulations qui les auraient tournés en ridicule même aux yeux des observateurs chinois. En fait, He Shen a cherché à faire échouer les relations. Les anglais n'ayant pas accepté, la première rencontre a dû être reportée et les bonnes dispositions de Qian Long se sont vite transformées en dédain.
Qian Long a finalement répondu par écrit à la délégation en expliquant que tout ce que l'on pouvait désiré était accessible en Chine et que rien de l'étranger ne suscitait l'intérêt des chinois.
Alors qu'à l'époque
de Kang Xi, les étrangers, surtout européens, avaient ouvert
des comptoirs pour les échanges dans les provinces
côtières de
Guangdong, Fujian, Zhejiang, Jiangsu, mais sous Qian Long ils ont disparu
sauf dans le Guangdong.
Les historiens reprocheront
à Qian Long ce rejet de la modernité et son engagement dans
la voie de l'autarcie et du conservatisme, qui
a mené le pays dans
la décadence et suscité des rébellions populaires.