INTRODUCTION A L'ECONOMIE CHINOISE

par

Daniel Arthur Laprès

 

 
 

ECONOMIE CONTEMPORAINE




2. - Le monde rural

L'économie rurale demeure un facteur important du développement chinois. Depuis le lancement de la réforme en 1978, le progrès dans l'élimination de la pauvreté est considérable. Mais le déséquilibre entre les mondes rural et urbain reste anormalement élevé en Chine. Ainsi, quand les revenus officiels sont ajustés pour tenir compte des loyers imputés pour les paysans, et les revenus en nature des travailleurs en ville pour l'éducation, le logement, protection contre la maladie, et la prévoyance, ainsi que les autres services subventionnés, les revenus en monde rural ne correspondent qu'à environ 31% des revenus en milieu urbain (alors que ce pourcentage ne se situe en dessous de 50% que pour de rares pays); alors le rapport des revenus ruraux urbains en Inde correspond à 0.61, il n'est que de 0.28 en Chine.Pour améliorer le revenu agricole, il faudra hausser les rapports terres/paysans, ou encore celui du capital/paysan, il faudra sans doute accélérer les migrations vers les villes. Mais ce dernier processus est limité par le potentiel d'absorption des  villes.

Pauvreté rurale en chine 1978-1999
 
Population 
Pauvreté
Incidence de 
 
rurale
absolue
la pauvreté 
 
(100 Millions)
 
absolue
1980 790 218 27
1985 807 96 12
1990 841 85 10
1995 859 65 7
1999 870 34 4

Source: China in the World Economy, OECD, Paris 2002.  Ces chiffres proviennent de sources officielles chinoises qui fixent le seuil de la pauvreté en dessous de celui utilisé par la Banque Mondiale ($ 1 par jour). Si ce dernier critère était appliqué à la Chine, on recenserait alors plus de 100 millions de pauvres.

En Chine, les terres sont insuffisantes. On y nourrit plus de 20% de la population mondiale avec environ 6% des terres arables. Aussi les exploitations sont peu mécanisées. La productivité par rapport à la terre est forte mais faible quant à l'utilisation des capacités humaines.

Au nord, on cultive surtout le blé, le maïs, le soja et le coton alors qu'au sud, on cultive le riz et le sucre. La production de légumes est concentrée autour des villes et plutôt dans les zones côtières. Le bétail est élevé partout mais généralement dans des conditions artisanales.

La production agricole chinoise demeure surtout intensive par rapport à la quantité de terre (les céréales sauf le riz, et le coton) et la réallocation vers les productions intensives en travail humain (légumes et horticulture) permettrait de continuer la croissance en limitant les effets néfastes sur l'environnement par exemple des engrais.

Les revenus ruraux correspondent à moins de la moitié de ceux des citadins. Les paysans ne tirent qu'environ la moitié de leurs revenus de la production agricole stricto sensu (le reste provenant souvent de salaires pour le travail effectué dans les ateliers de transformation des produits agricoles). Ces entreprises locales ont été la contributeur le plus important au développement économique du monde rural. En 1996, ces entreprises locales employaient 28% des salariés en Chine, soit 131 millions de personnes. Ce type d'entreprises s'est surtout développé dans les zones côtières et ne se manifestent presque pas à l'ouest du pays.

Ce résultat est attribuable en grande partie à la réforme du cadre juridique de l'agriculture. Ainsi la collectivisation a été remplacée par un régime fondé sur la cellule familiale qui loue ses terres de la collective et qui assume les risques et engrange les profits de leur exploitation. Sauf, dans le secteur des céréales, les produits agricoles sont produits et distribués par les marchés libres.

Par contre, ce déplacement des paysans vers les villes a été limité par l'administration. En effet, le refus de transférer le hukou (qui emporte affiliation au régime social) de domiciliations rurales vers les villes a sûrement freiné l'enthousiasme pour aller en ville. Aussi, tout paysan absent trop de ses terres risque de se les faire reprendre alors que ces biens correspondent souvent leur seul élément de prévoyance.

Néanmoins, les quantités de paysans migrant vers les villes dépassent largement la capacité des villes de les absorber sans friction. Ainsi une centaine de millions de travailleurs « flottent » dans un monde « sans papiers ».

Aussi la croissance des entreprises rurales s'est fortement ralentie après la crise financière asiatique. Ce secteur peine à retrouver son élan d'antan, notamment à cause d'une concurrence plus efficace par les entreprises urbaines qui finalement ont l'avantage de la proximité des centres de transport.

L'entrée de la Chine à l'OMC entraînera ou accélérera de nombreux processus d'ajustement dans le monde rural chinois. Il est estimé qu'entre 2000 et 2010, 73 millions de paysans quitteront l'agriculture (dont 2-3 millions à cause de l'entrée de la Chine à l'OMC).

Il importe de remarquer que le contrôle étatique de la production et de la distribution des céréales n'est pas affecté par l'entrée de la Chine à l'OMC.
 
 
 
 

 

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