Le site des échanges avec la Chine

 

 

LA FINANCE

par

Daniel Arthur Laprès
 
 
 
 

LES BANQUES




Les banques qui ne sont pas guidées par la recherche de bénéfices sont peu rentables par rapport à leurs homologues à l'étranger. En Chine, aucune autorité n'a la faculté d'imposer la poursuite de bénéfices et souvent les structures des banques ne s'y prêtent pas lorsque, par exemple, les autorités locales y ont des investissements importants.

Les autorités chinoises se sont engagées à libéraliser les taux d'intérêts « au détail », ainsi que le sont déjà en tout cas dans une certaine mesure les marchés interbancaires. Une telle évolution engendrera une allocation plus rationnelle du capital social. Le frein sur la tendance vient de la faible rentabilité du secteur bancaire qui supportera mal toute pression sur ses marges telles que celles susceptibles de survenir de la concurrence attisée par la libéralisation.

La faiblesse des banques chinoises plombe les perspectives de l'ensemble des marchés financiers. En effet, il est vraisemblable selon l'OCDE que toutes les grandes banques commerciales chinoises seraient considérées en cessation de paiement si les normes comptables internationales leur étaient appliquées.

S'agissant des 4 grandes banques commerciales, leurs prêts non remboursés et sur lesquels les intérêts ne sont pas honorés correspondent à 25% des encours. Le coût total de la comptabilisation des provisions correspondrait à environ 30% du PIB, sachant que la cession des actifs dans le portefeuille pourrait éventuellement atteindre environ 20% du montant total des provisions. Le traitement identique appliqué aux encours des coopératives de crédit remonterait les pertes nettes à environ 30% du PIB.

Contrôle par l'Etat du capital social des banques
 
 
  1998 1994
Chine 99 100
Hong Kong 0 0
Inde 82 87
Indonésie 85 48
Malaisie 7 9
Philippines n.a 19
Singapour 0 0
Thaïlande 29 7
Russie 36 n.d.
Argentine 30 36
Brésil 47 48
Canada 0 n.d
France 0 n.d.
Allemagne 47 50
Italie 17 n.d.
Japon 15 0
Royaume-Uni 0 n.d.
Etats-Unis 0 0
Source : China in the World Economy, OCDE, Paris, 2002, p. 468

Les coûts potentiels du sauvetage du
système financier chinois
(fin 2000)
 
RMB (ou %) Total Toutes banques SOCB IS et City Coopéra-
tives
Actifs 13.745 11.672 10.144 2.110 2.073
Prêts aux entités non financières 10.038 8.452 7.606 11.71 1.586
Provisions estimées 4164 3.371 3.202 234 793
% de tous les prêts  41 40 42 20 50
Provisions à prendre en charge par l'Etat 3.160 2.526 2.441  114 634
Injections de capitaux 65 33   33 32
Coût total brut/PIB (%) 36 29 27 3 7
Coût total net des rétrocessions/PIB (%) 29 23 22 1 6
Source : China in the World Economy, OCDE, Paris, 2002, p. 466

Les coûts estimés du sauvetage du secteur financier chinois indiqués dans le tableau ci-dessous supposent que les créances douteuses soient réduites à 10% des encours et que les fonds propres soient augmentés à 8% des actifs.

Si les encours non servis sur les livres des banques de développement (« policy banks ») y étaient ajoutés, la part du PIB perdue augmenterait de 5% environ.

Mais certaines estimations atteignent des proportions de 60% du PIB dans des scénarii qui selon l'OCDE sont réalistes, bien que pessimistes.

Le coût total du sauvetage peut être étalé sur le long terme par l'intermédiation de bons du Trésor et l'OCDE ne considère pas l'effort insupportable.

Le système financier chinois ne comporte pas de banques d'épargne spécialisées, l'équivalent des « savings and loans associations » ou des « trust banks ». Les établissements financiers non bancaires, tels les spécialistes du « crédit-bail», du « crédit à la consommation » sont peu présents en Chine, mais leurs fonctions sont assumées par les coopératives et certaines banques commerciales. La principale expérience de la Chine dans l'exploitation d'établissements financiers non bancaires, qui n'acceptent pas les dépôts du public, sont les Trust and Investment Companies, démarrés à la fin des années 1980. Créées par les banques et les gouvernements locaux pour lever des fonds aux national et international, ces TIC (China International ? CITI, ou encore Guandong International ? GITIC)  qui ont connu un grand succès jusqu'au coup de frein sur le crédit donné au milieu des années 1990 et dont les faiblesses ont donné lieu à quelques faillites retentissantes (dont GITIC). Finalement, les quelque 250 TIC seront réduits à une cinquantaine après l'épuration des comptes.

Le réseau interbancaire en Chine a plusieurs fonctions. D'abord, il permet aux banques de négocier sur écrans des échanges de crédit sur des durées n'excédant pas un an. Les échanges sont organisés sur la base d'enchères. Par ce moyen, la circulation des fonds parmi les régions doit être améliorée. Deuxièmement, le réseau sert à la banque centrale pour ses opérations sur le marché lesquelles sont réalisées à travers des achats et ventes d'accord de dépôts et de reprise (repos) de bons de l'Etat chinois, les obligations des banques de développement chinoises et certains instruments de la Banque de Chine.

Le marché interbancaire reste sous-développé en Chine bien qu'il se développe rapidement. Les certificats de dépôts des banques ne sont généralement pas négociables ou cessibles. Les flux de fonds ont souvent été restreints, par exemple par les banques des régions au centre et à l'ouest de la Chine sous pressions des autorités locales souhaitant garder sur place l'épargne locale pour financer des investissements industriels souvent faisant double emploi avec des sites dans d'autres provinces, interdisant ainsi l'optimisation des économies d'échelle.

La Chine manque d'intervenants dans le processus d'intermédiation financière. Les 4 grandes banques commerciales chinoises (State Owned Commercial Banks ? SOCBs) agissent souvent sous l'influence des dirigeants politiques, notamment pour l'apport de leurs garanties.

En 1999, la banque centrale a ouvert les échanges de crédit entre les banques commerciales les coopératives de crédit urbaines et rurales y compris au niveau de leurs sièges, et de leurs succursales et sous succursales au niveau préfectoral et sous-préfectoral. Ont également été admis au marché les sièges de banques et coopératives de crédit municipales.

Jusqu'à l'aube du 21ième siècle, la Chine ne disposait pas d'un marché pour les effets de commerce (« commercial paper »). A partir de 1999, la Banque de Chine a relaxé les conditions d'émission d'avals par les banques des effets de commerce acceptés par leurs clients tout en imposant des conditions pour minimise les abus: les opérations doivent être fondées sur des échanges réels, les tirés doivent avoir dégager des bénéfices au cours des trois derniers exercices, et n'avoir causé aucun incident de crédit depuis trois ans tout en ayant de bonnes perspectives économiques. Les opérations de réescompte sont d'ores et déjà devenues une des méthodes préférées des autorités monétaires pour intervenir sur les marchés.
 
 

Le site des échanges avec la Chine