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INTRODUCTION A L'ECONOMIE CHINOISE

par

Daniel Arthur Laprès

 


 
 

MACRO-ECONOMIE EN CHINE



 
 

L’environnement

Les coûts de la pollution en Chine sont gigantesques. Par exemple, les dégâts causés à l’air et à l’eau causés annuellement ont été estimés comme correspondant à US 54 milliards par an, soit 8% du PIB en 1995. Plus de la moitié des fleuves passant par des villes, à tel point que leurs eaux ne peuvent plus servir à l’irrigation. La pluie acide causée par l’utilisation du charbon dans les centrales électriques, surtout dans le sud et le sud-ouest de la Chine, a déjà endommagé 10% des terres et réduit la productivité de 3%. L’érosion des sols, la déforestation et la disparition des marécages perturbent l’écosystème.

S’agissant de l’eau, la Chine dispose de ressources importantes, soit 2.343 m3/personne/an. Les quantités disponibles sont deux fois plus importantes au sud qu’au nord où la quantité disponible moyenne par habitant est inférieure par endroits à 1.000/m3, soit le seuil internationalement reconnu pour identifier les zones en manque d’eau. Au nord de la Chine les surfaces d’eau ne recouvrent que 7% des terres, et le chiffre au nord-ouest est encore inférieur à cela (4.8%). Au nord de la Chine, les pluies sont concentrées pendant les 4 mois de la saison des inondations (60-80% de la précipitation annuelle).

La demande a fortement augmenté depuis deux décennies, de 350% en zones urbaines et de 100% dans le secteur industriel.  En 1949, la Chine consommait environ 100 milliards de mètres cubes par an, et en 1997 ce chiffre avait atteint 556 milliards. Les prévisions portent sur des consommations d’environ 700-800 milliards de mètres cubes par an avant l’an 2030. ce qui frôle la capacité annuelle de production annuelle actuelle (soit 800-900 milliards par an).

Consommation de l’eau en Chine

Agriculture                         75.3%
Industrie                            20.2%
Consommation urbaine          4.5%

La part de l’agriculture dans la consommation d’eau reste très élevée par rapport aux pays de l’OCDE, mais descend d’année en année alors que la consommation urbaine augment de 113 litres par jour par personne en 1980 à environ 230 litres en 1997. Sur les 640 plus grandes villes en Chine, plus de 300 subissent des pénuries d’eau dont 100 cas considérés comme graves.

L’utilisation de l’eau en Chine est inefficiente selon les normes internationales. Ainsi, le coefficient moyen de l’utilisation des eux d’irrigation correspond à 0.45 en Chine alors qu’il atteint 0.7 à 0.8 dans les pays de l’OCDE. L’utilisation industrielle des eaux par unité de production est 5 à 10 fois plus élevée dans les pays de l’OCDE qu’en Chine et la part des eaux industrielles recyclées y est de 75 à 85% alors qu’en Chine elle n’atteint que 30 à 40%.

L’urbanisation de la Chine, qui est déjà le pays le plus urbanisé au monde en chiffres absolus, est amenée à s’accentuer à l’avenir. On recense officiellement 668 villes en Chine et leur consommation d’eau augmente d’environ 8% par an, les centrales de traitement des eaux augmentent leur capacité de 19% par an bien que les réseaux d’égouts n’augmentent que de quelque 10%.

En même temps, de nombreuses régions souffrent de manque d’eau. La seule pollution de l’eau est estimée comme entraînant un coût équivalent à 1.5 à 3%, ce qui correspond à des effets plus considérables que les inondations et les sécheresses. Les problèmes sont particulièrement aigus au nord de la Chine (au nord du Yangtze) et aux intersections des fleuves Huai, Hai et Huang, soit la région autour de Beijing et de Tianjin, qui contribue 35% du PIB national annuel. Les principales sources de pollution de l’eau sont les eaux usées, et les exploitations agricoles (engrais et pesticides). Environ 25% des lacs sont atteints par l’eutrophisation qui résulte de la culture des terres et de l’urbanisation et qui produit des toxines néfastes pour les poissons, le bétail et l’homme.

La qualité de l’eau potable en Chine est basse en ce sens que dans les villes les trois quarts de l’eau distribuée n’est pas considérée comme potable. Dans les zones rurales, seulement 23% de la population disposait en 1998 de l’eau de robinets, et la moitié de ceux-là recevait une eau non-potable.

Les normes applicables à l’eau en Chine sont très inférieures aux exigences de l’organisation Mondiale de la Santé. Ainsi, la Chine ne mesure que 35 critères de qualité de l’eau alors que l’OMS en référence 49, le Japon 59, les Etats-Unis 66 et les Etats-Unis 83. Aussi, les valeurs constituant les seuils d’acceptabilité dans les villes sont bien inférieures en Chine à ce qu’elles sont à l’étranger, et les exigences sont plus réduites encore dans les zones rurales.

Quant à la pollution de l’air, la Banque Mondiale a lié le taux élevé de mortalité en Chine à la mauvaise qualité de l’air, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Entre 1990 et 1998, les émissions de carbones ont augmenté de plus de 20%. Avant leur prohibition en 1999, la Chine était le plus grand producteur et le plus grand consommateur de substances qui diminuent l’ozone. Environ le tiers du territoire chinois souffre de pluies acides qui porte atteinte aux cultures, à l’élevage et à la qualité de vie humaine. L’extraction et la consommation du charbon sont les principales causes de la pollution de l’air, bien que les émissions par les véhicules augmentent rapidement et deviendront sans doute un grave problème au cours de la première décennie du 21ième siècle. Au nord du pays notamment à Beijing et à Xian, la poussière provenant des déserts à l’ouest est aggravée par l’érosion des sols et par la construction. Les concentrations dans l’air des grandes villes de Chine de particules suspendues et de dioxyde de souffre sont parmi les plus élevées au monde.L’air de Beijing est classé par l’OMS 3ième plus pollué de toutes les villes au monde. En 1995, 88 viles chinoise avaient des taux de dioxyde de souffre plus élevés que la recommandation de l’OMS et 85 manifestaient des taux de particules suspendus largement plus élevés que les seuils recommandés par l’OMS. La pollution de l’air causée par les émissions de véhicules est en constante augmentation, surtout dans les grandes villes chinoises, où le niveau d’oxyde de nitrogène est deux fois plus élevé que le niveau de classe 2 selon les critères de l’OMS. Il semble que la Chine ne suit pas la pollution en monoxyde de carbone, d’ozone et de plomb. La pollution intérieure continue à être un problème puisque 80% des ménages chinois consomment des fiouls solides (charbon, bois, tiges des plantes cultivées, etc.). L’exposition à ces éléments est nuisible pour la santé d’où la nécessité d’installer des systèmes d’évacuation adéquats. En termes de pluies acides, la Chine suit les Etats-Unis et l’Europe ; le problème touche plus de 30% du territoire, mais il semble s’être stabilisé au cours des années 1990. Selon la Banque Mondiale 7% des décès en zones urbaines (soit 178.000 décès par an) auraient pu être évités si la qualité de l’air  était portée au niveau acceptable selon les normes internationales. Presque 350.000 hospitalisations ont lieu par an à cause de la mauvaise qualité de l’air. Les maladies concernées sont l’asthme, les bronchites et les autres infections respiratoires. Selon une étude réalisée par les autorités chinoises en 1994, les pluies acides causaient des préjudices évalués à RMB 14 milliards par an. La visibilité est affectée par la pollution de l’air et, à Guangzhou, par exemple, elle a été réduite de 30 kilomètres dans les années 1960 à 18 au cours des années 1990 et on y a perdu 800 heures par an d’ensoleillement.

En 1998, la Chine a produit 780 millions de tonnes de déchets industriels dont 38.8 millions (y compris 10.2 millions de tonnes) ont été éliminés.  Les taux de recyclage et d’élimination sans incident des déchets étaient respectivement de seulement 45.6% et 13.7%. Ces déchets incluent des matières radioactives et d’autres éléments dangereux. Les déchets solides en ville a progressé de 320 kg per capita par an au début des années 1980 à environ 540 kilogrammes au cours des années 1990. En 1998, les deux tiers des qu668 villes chinoises, étaient entourées de sites d’accumulation de déchets solides, occupant une superficie de 50.000 hectares. Ces accumulations de déchets produisent du méthane ce qui a donné lieu à des explosions et incendies dans une vingtaine de villes dans la seule année 1999.

La Chine est au premier rang des pays souffrant de l’érosion des sols. L’Académie des Sciences Chinoise a estimé qu’au début des années 1990 375 millions d’hectares, soit 40% de la superficie du pays, été affectés par l’érosion (par l’eau et le vent), la salinisation et la désertification.  L’Académie estime la perte nette annuelle en terres arables à plus de 300.000 hectares. La désertification est à son pire au nord où les gouvernements communistes successifs ont favorisé l’élevage pour assurer l’alimentation du peuple au détriment de la conservation des sols. Avant 1998, les forêts chinoises fournissaient 40% des besoins en énergie des zones rurales, ainsi que pratiquement tous les panneaux de bois pour la construction et la matière première pour l’industrie de papier. La Chine était le 3ième plus grand consommateur de bois au monde, mais le pays est situé au 119ième rang pour la superficie d forêts par capita, soit 0.11 hectares ou 17.2% de la moyenne mondiale. À taux d’extraction constatée en 1998, soit 300 millions m3 par an, les ressources seraient épuisées sous une décennie. Mais après les inondations dévastatrices de 1998 au nord du Yangtze, le Gouvernement a mis un coup d’arrêt à la déforestation et a mis en place des soutiens à la conservation et au développement des ressources forestières.

En termes de bio-diversité, la Chine et un des plus riches pays du monde étant nanti de 10% des espèces vivant sur la terre, dont environ 30.000 espèces de flore, 2.340 espèces vertébrées, dont 499 espèces d’animaux et 1.244 espèces d’oiseaux, 387 reptiles et 274 amphibiens. La Chine est la source originelle de 200 des 1.200 cultures. On y compte plus de 60°0 variétés d’animaux domestiques et de volaille. Le Ministère de l’Agriculture recense 3.000 espèces de plantes sauvages à valeur économique, y compris 1.000 espèces de plantes médicinales, 300 espèces de bois,500 plantes avec des propriétés insecticides. On y dénombre 330 espèces d’oiseaux à valeur économique, 190 animaux et 60 espèces de poisson. Toutefois, 15-20% des espèces présentes en Chine sont menacées de disparition, ce qui est sensiblement plus élevé comme taux que la moyenne globale (10-15%).

La Chine est le 2ième plus grand consommateur d’énergie au monde et son 3ième plus grand producteur. La  production d’énergie est réalisée en grande partie au charbon (76% des besoins sont ainsi satisfaits) et ceci est extrêmement nuisible pour l’environnement. 60% des combustibles sont consommés par l’industrie et seulement 5% par le secteur commercial. 65% des capacités chinoises de production d’énergie sont concentrées à l’est qui est déjà fortement pollué. La Chine est le second plus grand émetteur au monde de dioxyde de carbone, soit 14% des émissions mondiales, et dont le secteur industriel est le principal responsable (75% des émissions).

Le secteur industriel, y compris els centrales électriques, sont considérés comme responsables de 70% des émissions de pollution sur le territoire national.

La tendance générale de l’économie chinoise est vers le développement d’activités tertiaires moins polluantes que les activités premières et secondaires. Aussi parmi les activités de production secondaire, le développement de la haute technologie promet des gains économiques sans les mêmes effets nuisibles pour l’environnement que les gros projets industriels. Après un incident grave de pollution du fleuve Huai en 1994, le gouvernement central a lancé en 1996  une campagne de mise aux normes et qui a entraîné la fermeture de 65.000 TVEs, y compris 1.000 unités de production de papier.

Le secteur des équipements pour la protection de l’environnement ne représente que 0.85% du PIB. Il est dominé par des petite et moyennes entreprises concentrées dans les provinces à l’est du pays. Mais cette part est amenée à croître et devrait atteindre en 2010 les 2% du PIB, soit environ RMB 250 milliards. Les entreprises étrangères sont peu présentes sur le terrain.

L’utilisation des engrais a largement contribué à la capacité du secteur agricole de nourrir la population. La consommation d’engrais a été multipliée par 6 au cours des décennies 1980 et 1990, atteignant 41 millions de tonnes métriques.Ces engrais sont la principale cause de l’eutrophisation qui touche grand nombre de lacs chinois ainsi que les eaux côtières. La production nationale d’engrais qui n’était que mille tonnes après la Révolution Communiste a atteint 625.000 tonnes en 1999, ce qui fait de la Chine le 2ième plus gros producteur et plus gros consommateur d’engrais au monde. Les deux insecticides les plus répandus en Chine sont classifiés par l’OMS parmi les produits ayant la plus haute toxicité. L’augmentation de la production de bétail a certes permis d’améliorer l’alimentation de la population, mais a aussi elle a entraîné un problème d’élimination de leurs déjections, qui correspondent en volume à toute la production humaine et industrielle en zones urbaines.

Les villes chinoises sont sous-équipées en égouts et traitement des eaux usées et déchets solides. Malgré des taux d croissance excédant 10% depuis une décennie, seulement 10% des déchets sont traités, soit un volume d’environ 2 milliards de mètres cubes. Si ce n’est que pour maintenir la capacité actuelle, il faudrait compte tenu des prévisions de croissance actuelles quadrupler les moyens techniques au cours des deux prochaines décennies. Il n’est pas évident qu’il existe les ressources financières pour lancer de tels programmes d’équipements.

Le nombre d’automobiles a triplé entre 1986 et 1996 et le parc national devrait atteindre 180 millions de véhicules avant 2020, soit l’équivalent du parc américain. Les véhicules produits localement émettent 5-6 fois plus de polluants que ceux importés de l’étranger.

Importations annuelles de déchets
(en millions de tonnes)

Acier                1.5 - 3.0
Aluminium             1.0
Cuivre                   1.9
Papier                   2.0

En ce qui concerne les effets de l’accession de la Chine à l’OMC, ils sont divers et pas univoques. Ainsi, pour autant que les importations de blé, et de fer et d’acier seront facilitées, les ressources en eau pourront être conservées.

Mais la production de textiles devrait augmenter, et en fonction de l’amélioration du niveau de vie, la production de bétail devrait augmenter pour satisfaire la nouvelle demande. Mais ces phénomènes induiront une plus grande consommation d’eau. La Chine importera davantage de pétrole et consommera éventuellement moins de charbon, en tout cas en part de ses besoins, mais les importations de véhicules seront libéralisées entraînant sans doute plus de pollution. Plus d’importations de bois permettraient de conserver les ressources forestières.
 
 

 

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