* Edward
Yang, mort d'un "rebelle" taiwanais désenchanté (les Echos)
* "I Don't
Want to Sleep Alone" : l'érotisme rêvé des damnés
de la terre (le Monde)
* La Chine
des champs fait son cinéma (les Echos)
* Publicis
anticipe une croissance organique 2007 de 12% en Chine (le Point)
* Edward
Yang, mort d'un «rebelle» taïwanais désenchanté
(les Echos)
Le réalisateur au
parcours atypique, primé à Cannes, avait su créer
un univers bousculant l'ordre ancien. Par Didier Péron
QUOTIDIEN : mardi 3 juillet
2007
La nouvelle de la mort du
cinéaste taïwanais Edward Yang, d'un cancer, est tombée
dimanche soir. Il avait 59 ans. Installé à Los Angeles, il
luttait contre la maladie depuis sept ans, tout en développant le
projet d'un long métrage d'animation, The Wind, co-produit par Jackie
Chan.
Né à Shanghai
le 6 novembre 1947, d'un père confucéen et d'une mère
chrétienne, Dechang Yang, dit Edward, appartient à ces familles
chinoises qui quittent le pays en plein bouleversement politique pour Formose
(Taiwan), à la suite des troupes nationalistes. Edward découvre
le cinéma au côté de son père qui l'emmène
voir des films américains, japonais et chinois deux fois par semaine.
Architecture. Fan des
mangas japonais (en particuliers d'Osamu Tezuka), Edward dessine ses propres
BD dès l'âge de 10 ans. Les études le conduisent à
se consacrer à l'architecture puis il passe un diplôme d'ingénieur
en Floride et intègre l'école de cinéma USC en Californie.
Il ne s'y plaît pas et quitte l'école au bout du deuxième
semestre, part à Seattle où il se spécialise dans
le design de logiciels pendant sept ans. Pendant cette période,
il découvre le nouveau cinéma allemand, Werner Herzog, Rainer
Werner Fassbinder, Wim Wenders, qui joueront un rôle décisif
sur lui.
Aliénation.
Edward Yang revient en force en 2000 avec Yi Yi, film-somme dessinant un
tableau existentiel sur les doutes amoureux, l'aliénation familiale
et le supplice mou du travail tertiaire. Yang y décrit aussi le
désenchantement d'une génération dévorée
par l'individualisme et le vide spirituel après avoir connu l'âge
d'or des Sixties. «Nous sommes à l'heure actuelle en pleine
perdition», déclarait-il en 1994.
*
Critique
Faudrait-il
le présenter cent fois qu'on ne rechignerait pas à la tâche,
car il faut bien que les choses finissent par se savoir. Très vite
alors. Lieu de résidence et de création : Taïwan. Longs
métrages réalisés à ce jour : huit depuis 1992.
Famille d'esprit : entre Buster Keaton et Samuel Beckett. Genre de prédilection
: le burlesque tragique.
Acteur fétiche
: Lee Kang-sheng, jeune dandy énigmatique, medium impavide et solitaire,
déambulant généralement en slip, et attirant à
lui, comme le paratonnerre la foudre, toutes sortes de passions muettes,
à prédominance sexuelle. Obsessions : les appartements, les
voisinages problématiques, les maladies bizarres, les chansons populaires.
Et puis de l'eau, beaucoup d'eau, de toute nature : sueur, sécrétions,
vapeurs, infiltrations, fuites, intempéries, inondations.
Une apocalypse
liquide, réchauffée à feu doux, ourdie en plans lents.En
un mot, on tient en l'insulaire Tsaï Ming-liang, maniériste
grand cru, l'antithèse du réaliste Jia Zhang-ke, fleuron
de la Chine continentale dont deux cent mille spectateurs français,
les choses finissant de fait par se savoir, ont récemment découvert
le nouveau film, Still Life. L'un fait de la poésie, l'autre de
la prose, mais on en déduirait à tort qu'ils ne nous parlent
pas de la même chose : de l'individu atomisé, de la déréliction
des temps modernes, de ce monde censément plus performant qui continue
de briser les hommes comme fétus de paille. Leurs deux films s'ouvrent
d'ailleurs de manière semblable, par un jeu d'argent dont le protagoniste
principal, étranger dans la ville, se révèle la victime.
I Don't Want
to Sleep Alone apporte ainsi deux nouveautés dans l'univers de Tsai
Ming-liang : un tournage en Malaisie, son pays natal, et une problématique
sociale absente de ses films précédents. L'action se passe
dans la capitale Kuala Lumpur et se joue entre cinq personnages.
Le premier
est un homme réduit à l'état de légume (Lee
Kang-sheng), qui apparaît au début du film sur un lit d'hôpital
et dont on ne saura pas grand-chose de plus. Le deuxième est sinon
le même personnage (rêvé par le premier ?), du moins
le même acteur, qui interprète le rôle d'un étranger
sans le sou sévèrement tabassé par des autochtones,
puis miraculeusement recueilli par un ouvrier.
Le troisième
est cet ouvrier qui entreprend, en vraie mère poule, de le ramener
à la vie dans son gourbi, avant d'en tomber sévèrement
amoureux. Le quatrième est une jeune serveuse de bar, qui veille
à ses heures perdues sur le fils de sa patronne, autre corps alité
dans un coma apparemment irréversible, puis finit par disputer notre
personnage numéro deux aux faveurs de son infirmier de fortune.
Le cinquième est enfin la patronne du bar, vieille Chinoise endurcie
qui ne restera pourtant pas insensible, elle non plus, aux charmes de l'éclopé
lunaire.
On pourrait
donc appeler cela un vaudeville, si l'on ne craignait de tromper le lecteur
sur la marchandise. Disons alors, à l'image du couteau sans lame
auquel il manque le manche cher à l'écrivain allemand Lichtenberg
: un vaudeville sans rebondissement auquel il manque la parole.
Mais un film
néanmoins plein de surprises. Une sorte d'opérette fantastique
dont le héros serait le lumpenproletariat de Kuala Lumpur, avec
des corps cataleptiques en voie de décomposition, des eaux noires
et stagnantes renfermant la misère des classes laborieuses, des
nuages de fumées toxiques qui menacent la ville, mais aussi bien
des danses de sept voiles autour d'un matelas pourrissant, des dilemmes
et des démangeaisons chaplinesques, des papillons qui se posent
gracieusement sur l'épaule de ceux qui souffrent.Et puis il y a,
bien sûr, cette charge érotique propre à Tsai Ming-liang
: un mélange improbable de trivialité et de délicatesse,
une éruption inopinée, douce frénésie dans
un monde froid comme la mort. Ainsi de cette scène sidérante
où la vieille gargotière enduit la main de sa serveuse de
pommade et lui fait masturber le semi-cadavre de son fils. Cet hommage
circonstancié aux damnés de la terre vaut en vérité
pour toute l'oeuvre de Tsai Ming-liang : comme mise en scène d'un
stade terminal du cinéma et comme croyance renouvelée dans
la faculté de cet art à faire bander la mort. Film taïwanais
de Tsai Ming-liang avec Lee Kang-sheng, Norman Atun, Chen Shiang-chyi,
Pearlly Chua. (1 h 58.) Jacques MandelbaumArticle paru dans l'édition
du 06.06.07
*
Le nouveau cinéma du peuple (les Echos) 08/06/07
En Chine les
paysans adorent être devant et derrière la caméra.
La caméra
tremble. Brutal zoom avant. Puis zoom arrière. Changement de plan
soudain. Trop de lumière. Série de grimaces des acteurs.
« Depuis, nous nous sommes beaucoup améliorés »,
s'amuse Hao Junshen. Dans son petit studio de photos de mariage, en banlieue
de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, il visionne en accéléré
sur un vieux poste télé son tout premier film, tourné
l'an dernier en noir et blanc « parce que c'est une histoire passée
». Evoquant l'occupation japonaise dans la région, les trois
épisodes de « Les résistants de Shi Men Dong Jiao »
ont coûté 7.000 euros à l'ancien fermier devenu photographe
puis réalisateur. Le générique égrène
le nom et le portrait de chaque comédien, technicien, accessoiriste
ou costumier ayant participé au tournage. La plupart sont des «
nong min », des « agriculteurs » recrutés dans
les champs de maïs des villages voisins. L'un des premiers rôles
est fabricant de tofu. Un autre instituteur. « Tous ont travaillé
gratuitement », précise Hao Junshen.
Timides critiques
Les films ruraux
évoquent donc la survie dans les campagnes chinoises, loin de la
croissance à 10 % des régions de Pékin, Shanghai ou
Canton. Timidement, les films parlent de la migration vers les mégapoles,
de la jeunesse goûtant au capitalisme, du coût mirobolant de
l'éducation et de l'absence d'assurance sociale. Dans son dernier
film, « Shan Xing », Hao Junshen raconte l'histoire d'une pauvre
paysanne partie étudier à l'université grâce
à l'argent collecté dans son village. A l'issue de brillantes
études, elle quitte la ville et ses promesses pour retourner à
la campagne, transmettre son savoir aux villageois qui l'avaient aidée.
« Je l'ai écrit à partir d'une histoire vraie »,
insiste Sun Guo Qiang, le scénariste. Visiblement jugée «
positive » par les autorités, la parabole a reçue la
précieuse licence de la toute-puissante administration d'Etat de
la Radio, des Films et de la Télévision (SARFT) - qui règne
sur la production cinématographique et télévisuelle
-, l'aide d'un réalisateur professionnel délégué
par Pékin et une première subvention. Encore en cours de
montage dans des studios d'Etat de la capitale, le film devrait pouvoir
être diffusé, cette année, sur onze chaînes provinciales,
annonce le réalisateur. « On vient même de me parler
d'une projection dans un festival à l'étranger. Mais je ne
sais pas où », souffle Hao Junshen.
Le gouvernement
chinois, qui contrôle l'essentiel de la vie culturelle, régule
l'importation des oeuvres étrangères et censure les productions
littéraires ou cinématographiques, semble particulièrement
soutenir le développement de ce cinéma de campagne. Ayant
promis, depuis deux ans, de s'attaquer aux problèmes économiques
des zones rurales afin de créer une « nouvelle campagne socialiste
», il préfère les contes inoffensifs des fermiers aux
réalisations beaucoup plus corrosives de jeunes intellectuels politisés.
S'ils évoquent eux aussi les dérives du capitalisme chinois,
les brillants films de Wang Bing, Li Yang ou Jia Zhang Ke passent rarement
au travers de la censure officielle. Plébiscités par quelques
milliers de spectateurs de New York ou de Paris, ils n'arrivent jamais
dans la campagne de Shijiazhuang.
*
Publicis anticipe une croissance organique 2007 de 12% en Chine (le Point)
Publicis escompte
une croissance organique de 12% de ses revenus en Chine cette année
et de quelque 20%, voire plus, en 2008, grâce en particulier aux
Jeux Olympiques de Pékin, déclare son président du
directoire Maurice Lévy.
Publicis, quatrième
publicitaire mondial, envisage par ailleurs la possibilité de faire
une acquisition en Chine dans le domaine du numérique en ligne.
Le groupe français
s'attend à ce que des pays tels que la Chine, la Russie, la Turquie,
le Mexique et le Brésil, où la croissance des ventes est
le double de celle de la moyenne du groupe, représentent le quart
des revenus d'ici 2010 contre 20% environ actuellement.
Edward Yang a en définitive
peu tourné, sa filmographie ne compte en effet que sept longs métrages
en un peu plus de vingt ans (son coup d'essai, That Day, on the Beach date
de 1983). Mais cette rareté et le caractère secret, relativement
insaisissable, de Yang, l'ont rendus cher au cÏur de nombreux cinéphiles,
qui considèrent notamment A Brigther Summer Day (1991), sorte de
Fureur de vivre taïwanaise, fresque de plus de trois heures, comme
un chef-d'oeuvre au lyrisme et à l'élégance proprement
irrésistibles. La confidentialité de son Ïuvre auprès
du public est aussi due à la mauvaise distribution de ses films
puisque seuls Brighter Summer Day et surtout Yi Yi, Grand Prix à
Cannes en 2000, ont véritablement bénéficié
d'une sortie en France, Les autres ont été vus au cas par
cas dans des festivals ou à la Cinémathèque.
Il comprend alors qu'il
peut faire du cinéma sans l'aide d'une équipe technique lourde
et décide de rentrer à Taiwan en 1981. Il a 34 ans. Alors
qu'à Hongkong, le cinéma explose, Taiwan connaît à
son tour une ébullition, avec des jeunes gens qui se coalisent pour
donner à l'île le cinéma moderne qu'elle mérite,
entre l'expérience d'un enfermement dans un territoire minuscule
et une fascination complexe pour les Etats-Unis. Un manifeste collectif
co-signé par cinéastes, acteurs, techniciens, critiques,
paraît en novembre 1986, donnant une assise théorique à
un groupe que Yang nommera plus tard' une «légion de rebelles
prêts à bousculer l'ordre ancien» . Ce front commun
se disloquera vite et chacun tracera sa route, s'affrontant aux difficultés
grandissante de financements.
"I Don't
Want to Sleep Alone" : l'érotisme rêvé des damnés
de la terre (le Monde)
LE MONDE |
05.06.07 | 16h20 ¥ Mis à jour le 05.06.07 | 16h20 Méconnu
en France par le grand public, Tsai Ming-liang n'en est pas moins l'un
des auteurs les plus originaux de la planète cinématographique,
un artiste dont l'univers n'appartient qu'à lui.
La Chine des
champs fait son cinéma (les Echos)
BOOM DU CINÉMA
AMATEUR 08/06/07DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À SHIJIAZHUANG
(HEBEI).
Malgré
son imperfection et la concurrence des grandes productions américaines
et chinoises, toutes disponibles dans le pays en DVD pirates à moins
de 1 euro, un nouveau genre cinématographique explose en Chine :
le film rural. Réalisé par des paysans, avec des paysans
pour des paysans, il se développe dans les provinces intérieures
du pays, encore tenues à l'écart des grandes évolutions
culturelles et sociales vécues dans les régions riches et
développées de la côte est. Une vingtaine de réalisateurs
amateurs présenteraient régulièrement leurs productions
dans les salles communes des villages ou sur des chaînes locales.
« Nous voulons simplement montrer la vraie vie des gens. Personne
n'en parle jamais », explique Sun Guo Qiang, un enseignant propulsé
scénariste. Fans des premières oeuvres des grands réalisateurs
chinois, tels que Zhang Yimou ou Chen Kaige, ils réprouvent - comme
le fait régulièrement la presse locale - la dérive
hollywoodienne de leurs dernières productions. « Ce n'est
plus chinois. Ils sont trop loin de nous », ose un des acteurs amateurs.
YANN ROUSSEAU
21/06/2007-11h36
- Reuters
"(La croissance
organique des revenus en Chine) sera très forte en 2007 et sera
à deux chiffres, sans doute de l'ordre de 12%. 2008 sera encore
à deux chiffres, mais en raison des JO, il se pourrait bien qu'on
se situe dans les 20%", a dit Lévy.
Le mois dernier,
il avait confirmé un objectif de croissance organique de l'ordre
de 5% pour 2007.
Le publicitaire
emploie dans les 2.500 personnes en Chine et a également une participation
dans la société de marketing locale Yong Yang.
La Chine représente
à l'heure actuelle moins de 5% des revenus de l'agence, a précisé
Lévy. Publicis a réalisé un chiffre d'affaires de
4,39 milliards d'euros en 2006.