Le site des échanges avec la Chine

 

 

PEOPLE ET MEDIA EN CHINE 

par


* Edward Yang, mort d'un "rebelle" taiwanais désenchanté (les Echos)

* "I Don't Want to Sleep Alone" : l'érotisme rêvé des damnés de la terre (le Monde)

* La Chine des champs fait son cinéma (les Echos)

* Publicis anticipe une croissance organique 2007 de 12% en Chine (le Point)


* Edward Yang, mort d'un «rebelle» taïwanais désenchanté (les Echos)

Le réalisateur au parcours atypique, primé à Cannes, avait su créer un univers bousculant l'ordre ancien.  Par Didier Péron

QUOTIDIEN : mardi 3 juillet 2007

La nouvelle de la mort du cinéaste taïwanais Edward Yang, d'un cancer, est tombée dimanche soir. Il avait 59 ans. Installé à Los Angeles, il luttait contre la maladie depuis sept ans, tout en développant le projet d'un long métrage d'animation, The Wind, co-produit par Jackie Chan.
Edward Yang a en définitive peu tourné, sa filmographie ne compte en effet que sept longs métrages en un peu plus de vingt ans (son coup d'essai, That Day, on the Beach date de 1983). Mais cette rareté et le caractère secret, relativement insaisissable, de Yang, l'ont rendus cher au cÏur de nombreux cinéphiles, qui considèrent notamment A Brigther Summer Day (1991), sorte de Fureur de vivre taïwanaise, fresque de plus de trois heures, comme un chef-d'oeuvre au lyrisme et à l'élégance proprement irrésistibles. La confidentialité de son Ïuvre auprès du public est aussi due à la mauvaise distribution de ses films puisque seuls Brighter Summer Day et surtout Yi Yi, Grand Prix à Cannes en 2000, ont véritablement bénéficié d'une sortie en France, Les autres ont été vus au cas par cas dans des festivals ou à la Cinémathèque.

Né à Shanghai le 6 novembre 1947, d'un père confucéen et d'une mère chrétienne, Dechang Yang, dit Edward, appartient à ces familles chinoises qui quittent le pays en plein bouleversement politique pour Formose (Taiwan), à la suite des troupes nationalistes. Edward découvre le cinéma au côté de son père qui l'emmène voir des films américains, japonais et chinois deux fois par semaine.

Architecture.  Fan des mangas japonais (en particuliers d'Osamu Tezuka), Edward dessine ses propres BD dès l'âge de 10 ans. Les études le conduisent à se consacrer à l'architecture puis il passe un diplôme d'ingénieur en Floride et intègre l'école de cinéma USC en Californie. Il ne s'y plaît pas et quitte l'école au bout du deuxième semestre, part à Seattle où il se spécialise dans le design de logiciels pendant sept ans. Pendant cette période, il découvre le nouveau cinéma allemand, Werner Herzog, Rainer Werner Fassbinder, Wim Wenders, qui joueront un rôle décisif sur lui.
Il comprend alors qu'il peut faire du cinéma sans l'aide d'une équipe technique lourde et décide de rentrer à Taiwan en 1981. Il a 34 ans. Alors qu'à Hongkong, le cinéma explose, Taiwan connaît à son tour une ébullition, avec des jeunes gens qui se coalisent pour donner à l'île le cinéma moderne qu'elle mérite, entre l'expérience d'un enfermement dans un territoire minuscule et une fascination complexe pour les Etats-Unis. Un manifeste collectif co-signé par cinéastes, acteurs, techniciens, critiques, paraît en novembre 1986, donnant une assise théorique à un groupe que Yang nommera plus tard' une «légion de rebelles prêts à bousculer l'ordre ancien» . Ce front commun se disloquera vite et chacun tracera sa route, s'affrontant aux difficultés grandissante de financements.

Aliénation.  Edward Yang revient en force en 2000 avec Yi Yi, film-somme dessinant un tableau existentiel sur les doutes amoureux, l'aliénation familiale et le supplice mou du travail tertiaire. Yang y décrit aussi le désenchantement d'une génération dévorée par l'individualisme et le vide spirituel après avoir connu l'âge d'or des Sixties. «Nous sommes à l'heure actuelle en pleine perdition», déclarait-il en 1994.
 
 
 
 

* Critique
"I Don't Want to Sleep Alone" : l'érotisme rêvé des damnés de la terre (le Monde)
LE MONDE | 05.06.07 | 16h20  ¥  Mis à jour le 05.06.07 | 16h20 Méconnu en France par le grand public, Tsai Ming-liang n'en est pas moins l'un des auteurs les plus originaux de la planète cinématographique, un artiste dont l'univers n'appartient qu'à lui.

Faudrait-il le présenter cent fois qu'on ne rechignerait pas à la tâche, car il faut bien que les choses finissent par se savoir. Très vite alors. Lieu de résidence et de création : Taïwan. Longs métrages réalisés à ce jour : huit depuis 1992. Famille d'esprit : entre Buster Keaton et Samuel Beckett. Genre de prédilection : le burlesque tragique.

Acteur fétiche : Lee Kang-sheng, jeune dandy énigmatique, medium impavide et solitaire, déambulant généralement en slip, et attirant à lui, comme le paratonnerre la foudre, toutes sortes de passions muettes, à prédominance sexuelle. Obsessions : les appartements, les voisinages problématiques, les maladies bizarres, les chansons populaires. Et puis de l'eau, beaucoup d'eau, de toute nature : sueur, sécrétions, vapeurs, infiltrations, fuites, intempéries, inondations.

Une apocalypse liquide, réchauffée à feu doux, ourdie en plans lents.En un mot, on tient en l'insulaire Tsaï Ming-liang, maniériste grand cru, l'antithèse du réaliste Jia Zhang-ke, fleuron de la Chine continentale dont deux cent mille spectateurs français, les choses finissant de fait par se savoir, ont récemment découvert le nouveau film, Still Life. L'un fait de la poésie, l'autre de la prose, mais on en déduirait à tort qu'ils ne nous parlent pas de la même chose : de l'individu atomisé, de la déréliction des temps modernes, de ce monde censément plus performant qui continue de briser les hommes comme fétus de paille. Leurs deux films s'ouvrent d'ailleurs de manière semblable, par un jeu d'argent dont le protagoniste principal, étranger dans la ville, se révèle la victime.

I Don't Want to Sleep Alone apporte ainsi deux nouveautés dans l'univers de Tsai Ming-liang : un tournage en Malaisie, son pays natal, et une problématique sociale absente de ses films précédents. L'action se passe dans la capitale Kuala Lumpur et se joue entre cinq personnages.

Le premier est un homme réduit à l'état de légume (Lee Kang-sheng), qui apparaît au début du film sur un lit d'hôpital et dont on ne saura pas grand-chose de plus. Le deuxième est sinon le même personnage (rêvé par le premier ?), du moins le même acteur, qui interprète le rôle d'un étranger sans le sou sévèrement tabassé par des autochtones, puis miraculeusement recueilli par un ouvrier.

Le troisième est cet ouvrier qui entreprend, en vraie mère poule, de le ramener à la vie dans son gourbi, avant d'en tomber sévèrement amoureux. Le quatrième est une jeune serveuse de bar, qui veille à ses heures perdues sur le fils de sa patronne, autre corps alité dans un coma apparemment irréversible, puis finit par disputer notre personnage numéro deux aux faveurs de son infirmier de fortune. Le cinquième est enfin la patronne du bar, vieille Chinoise endurcie qui ne restera pourtant pas insensible, elle non plus, aux charmes de l'éclopé lunaire.

On pourrait donc appeler cela un vaudeville, si l'on ne craignait de tromper le lecteur sur la marchandise. Disons alors, à l'image du couteau sans lame auquel il manque le manche cher à l'écrivain allemand Lichtenberg : un vaudeville sans rebondissement auquel il manque la parole.

Mais un film néanmoins plein de surprises. Une sorte d'opérette fantastique dont le héros serait le lumpenproletariat de Kuala Lumpur, avec des corps cataleptiques en voie de décomposition, des eaux noires et stagnantes renfermant la misère des classes laborieuses, des nuages de fumées toxiques qui menacent la ville, mais aussi bien des danses de sept voiles autour d'un matelas pourrissant, des dilemmes et des démangeaisons chaplinesques, des papillons qui se posent gracieusement sur l'épaule de ceux qui souffrent.Et puis il y a, bien sûr, cette charge érotique propre à Tsai Ming-liang : un mélange improbable de trivialité et de délicatesse, une éruption inopinée, douce frénésie dans un monde froid comme la mort. Ainsi de cette scène sidérante où la vieille gargotière enduit la main de sa serveuse de pommade et lui fait masturber le semi-cadavre de son fils. Cet hommage circonstancié aux damnés de la terre vaut en vérité pour toute l'oeuvre de Tsai Ming-liang : comme mise en scène d'un stade terminal du cinéma et comme croyance renouvelée dans la faculté de cet art à faire bander la mort. Film taïwanais de Tsai Ming-liang avec Lee Kang-sheng, Norman Atun, Chen Shiang-chyi, Pearlly Chua. (1 h 58.) Jacques MandelbaumArticle paru dans l'édition du 06.06.07
 

* Le nouveau cinéma du peuple (les Echos) 08/06/07

En Chine les paysans adorent être devant et derrière la caméra.
La Chine des champs fait son cinéma (les Echos)
BOOM DU CINÉMA AMATEUR 08/06/07DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À SHIJIAZHUANG (HEBEI).

La caméra tremble. Brutal zoom avant. Puis zoom arrière. Changement de plan soudain. Trop de lumière. Série de grimaces des acteurs. « Depuis, nous nous sommes beaucoup améliorés », s'amuse Hao Junshen. Dans son petit studio de photos de mariage, en banlieue de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, il visionne en accéléré sur un vieux poste télé son tout premier film, tourné l'an dernier en noir et blanc « parce que c'est une histoire passée ». Evoquant l'occupation japonaise dans la région, les trois épisodes de « Les résistants de Shi Men Dong Jiao » ont coûté 7.000 euros à l'ancien fermier devenu photographe puis réalisateur. Le générique égrène le nom et le portrait de chaque comédien, technicien, accessoiriste ou costumier ayant participé au tournage. La plupart sont des « nong min », des « agriculteurs » recrutés dans les champs de maïs des villages voisins. L'un des premiers rôles est fabricant de tofu. Un autre instituteur. « Tous ont travaillé gratuitement », précise Hao Junshen.
Malgré son imperfection et la concurrence des grandes productions américaines et chinoises, toutes disponibles dans le pays en DVD pirates à moins de 1 euro, un nouveau genre cinématographique explose en Chine : le film rural. Réalisé par des paysans, avec des paysans pour des paysans, il se développe dans les provinces intérieures du pays, encore tenues à l'écart des grandes évolutions culturelles et sociales vécues dans les régions riches et développées de la côte est. Une vingtaine de réalisateurs amateurs présenteraient régulièrement leurs productions dans les salles communes des villages ou sur des chaînes locales. « Nous voulons simplement montrer la vraie vie des gens. Personne n'en parle jamais », explique Sun Guo Qiang, un enseignant propulsé scénariste. Fans des premières oeuvres des grands réalisateurs chinois, tels que Zhang Yimou ou Chen Kaige, ils réprouvent - comme le fait régulièrement la presse locale - la dérive hollywoodienne de leurs dernières productions. « Ce n'est plus chinois. Ils sont trop loin de nous », ose un des acteurs amateurs.

Timides critiques

Les films ruraux évoquent donc la survie dans les campagnes chinoises, loin de la croissance à 10 % des régions de Pékin, Shanghai ou Canton. Timidement, les films parlent de la migration vers les mégapoles, de la jeunesse goûtant au capitalisme, du coût mirobolant de l'éducation et de l'absence d'assurance sociale. Dans son dernier film, « Shan Xing », Hao Junshen raconte l'histoire d'une pauvre paysanne partie étudier à l'université grâce à l'argent collecté dans son village. A l'issue de brillantes études, elle quitte la ville et ses promesses pour retourner à la campagne, transmettre son savoir aux villageois qui l'avaient aidée. « Je l'ai écrit à partir d'une histoire vraie », insiste Sun Guo Qiang, le scénariste. Visiblement jugée « positive » par les autorités, la parabole a reçue la précieuse licence de la toute-puissante administration d'Etat de la Radio, des Films et de la Télévision (SARFT) - qui règne sur la production cinématographique et télévisuelle -, l'aide d'un réalisateur professionnel délégué par Pékin et une première subvention. Encore en cours de montage dans des studios d'Etat de la capitale, le film devrait pouvoir être diffusé, cette année, sur onze chaînes provinciales, annonce le réalisateur. « On vient même de me parler d'une projection dans un festival à l'étranger. Mais je ne sais pas où », souffle Hao Junshen.

Le gouvernement chinois, qui contrôle l'essentiel de la vie culturelle, régule l'importation des oeuvres étrangères et censure les productions littéraires ou cinématographiques, semble particulièrement soutenir le développement de ce cinéma de campagne. Ayant promis, depuis deux ans, de s'attaquer aux problèmes économiques des zones rurales afin de créer une « nouvelle campagne socialiste », il préfère les contes inoffensifs des fermiers aux réalisations beaucoup plus corrosives de jeunes intellectuels politisés. S'ils évoquent eux aussi les dérives du capitalisme chinois, les brillants films de Wang Bing, Li Yang ou Jia Zhang Ke passent rarement au travers de la censure officielle. Plébiscités par quelques milliers de spectateurs de New York ou de Paris, ils n'arrivent jamais dans la campagne de Shijiazhuang.
YANN ROUSSEAU

*  Publicis anticipe une croissance organique 2007 de 12% en Chine (le Point)
21/06/2007-11h36 - Reuters

Publicis escompte une croissance organique de 12% de ses revenus en Chine cette année et de quelque 20%, voire plus, en 2008, grâce en particulier aux Jeux Olympiques de Pékin, déclare son président du directoire Maurice Lévy.
"(La croissance organique des revenus en Chine) sera très forte en 2007 et sera à deux chiffres, sans doute de l'ordre de 12%. 2008 sera encore à deux chiffres, mais en raison des JO, il se pourrait bien qu'on se situe dans les 20%", a dit Lévy.
Le mois dernier, il avait confirmé un objectif de croissance organique de l'ordre de 5% pour 2007.

Publicis, quatrième publicitaire mondial, envisage par ailleurs la possibilité de faire une acquisition en Chine dans le domaine du numérique en ligne.
Le publicitaire emploie dans les 2.500 personnes en Chine et a également une participation dans la société de marketing locale Yong Yang.
La Chine représente à l'heure actuelle moins de 5% des revenus de l'agence, a précisé Lévy. Publicis a réalisé un chiffre d'affaires de 4,39 milliards d'euros en 2006.

Le groupe français s'attend à ce que des pays tels que la Chine, la Russie, la Turquie, le Mexique et le Brésil, où la croissance des ventes est le double de celle de la moyenne du groupe, représentent le quart des revenus d'ici 2010 contre 20% environ actuellement.
 


 
 
 

Le site des échanges avec la Chine