ACTUALITES DU 13.07.2007
*
Le
tai-chi-chuan, une assurance antistress (le Monde)
*
La
Chine dissimule ses morts par pollution (Libération)
*
Un
opposant à la stérilisation battu en prison (Libération)
*
Le
fisc chinois et les enfants interdits (le Monde)
*La
Chine exécute l'ancien patron de la santé publique (le Figaro)
*Benoît
XVI défend ses ouailles en Chine (Libération)
*Chine
: 400 villes nouvelles à construire (les Echos)
*Le tai-chi-chuan,
une assurance antistress (le Monde)
Malgré l'apparition
d'activités concurrentes d'origine chinoise comme le qi gong (fondée
sur le travail du souffle et de l'énergie), le tai-chi-chuan continue
de s'imposer comme l'une des pratiques antistress les plus populaires.
Gymnastique douce pour les uns, sport de combat pour les autres, cette
discipline est, selon les estimations, pratiquée régulièrement
par plus de 60 000 personnes en France.
Enseigné, y compris
dans certaines maisons de retraite, le tai-chi est une discipline particulièrement
abordable. Certains médecins le préconisent, entre autres,
dans la rééducation des maladies cardio-vasculaires. "Le
tai-chi-chuan, c'est aussi une philosophie du corps et de l'esprit ; on
est tellement concentré qu'on se retrouve en harmonie avec soi-même",
insiste James Kou, auteur de Taï chi chuan (Marabout, 2005).
A Paris, dans le parc des
Buttes-Chaumont, une vingtaine de pratiquants se retrouvent très
régulièrement chaque jour pour une séance en plein
air. Parmi les habitués figure Ginette Cherel, 74 ans. Qu'il pleuve
ou qu'il vente, elle assiste à tous les cours depuis deux ans. "Si
je ne viens pas tous les jours, je ressens un manque. Le tai-chi me fait
tellement de bien...", explique-t-elle.
FORCE SPECTACULAIRE
Le tai-chi-chuan se pratique
également avec des armes telles que le sabre, l'épée,
la lance ou encore avec un éventail. L'objectif consiste à
effectuer des mouvements ondulatoires très précis afin de
libérer une force qui peut être spectaculaire. "Les gestes
lents ne correspondent pas à une danse cosmique mais à des
mouvements d'attaque et de défense", précise Anya Méot,
professeur de tai-chi-chuan au sein de l'association Toum. Vêtus
en habit traditionnel, tunique chinoise bleue et pantalon blanc ample,
ses élèves sont de tous âges et de tous niveaux.
Anya Méot souhaite
cependant mettre en garde contre certains clubs non affiliés à
une fédération. "Ils inculquent parfois le tai-chi sans précautions,
affirme-t-elle. Or si cette discipline n'est pas correctement enseignée,
les élèves peuvent avoir de sérieux problèmes,
notamment au dos."
Laurène Casseville
Article paru dans l'édition
du 10.07.07.
*
La Chine dissimule ses morts par pollution (Libération) Par Pascale
Nivelle QUOTIDIEN : mercredi 4 juillet 2007
Une étude
censurée de la Banque mondiale fait état de 750 000 décès
potentiels.
La pollution
aurait-elle causé 750 000 morts ? Ecrire cela dans un rapport officiel
risquerait de provoquer «des émeutes», s'offusque Pékin,
qui a demandé à la Banque mondiale, selon le quotidien britannique
Financial Times (FT), de censurer son étude sur le coût humain
de la pollution en Chine. Pourtant, la Chine, associée à
ce rapport qui court depuis plusieurs années, ne dément pas
le chiffre des «morts prématurées». En 2006,
«année la plus noire pour l'environnement», elle a reconnu
161 incidents majeurs de pollution, et aussi que les objectifs fixés
pour réduire les émissions de substances polluantes «n'avaient
pas été atteints». Elle ne conteste pas non plus que
16 des 20 villes les plus polluées du monde se trouvent à
l'intérieur de ses frontières, comme annoncé dans
un précédent rapport de la Banque mondiale.
Caviardée.
La Chine, devenue le principal émetteur mondial de dioxyde de carbone,
selon une déclaration du secrétaire général
de l'ONU Ban Ki-moon, lundi, voudrait seulement que tout cela se sache
le moins possible. Un an avant l'arrivée des 10 000 athlètes
des Jeux olympiques, le ciel de la «société harmonieuse»
doit rester le plus clair possible. Le mois de juin, avec 15 jours «médiocres
en termes de qualité de l'air», a beau avoir été
le pire jamais enregistré depuis 2000, les autorités continuent
d'annoncer 245 jours de ciel bleu pour 2007.
C'est que la
Sepa, l'agence nationale chinoise pour la protection de l'environnement,
et le ministre de la Santé s'inquiètent de l'impact de nouvelles
révélations sur la population, chauffée à blanc
par les innombrables problèmes engendrés par la pollution,
redoutant un accroissement des conflits sociaux déjà nombreux
dans le pays. Toujours selon le FT, ils ont réclamé, et obtenu
en fin d'année dernière, la suppression d'un tiers de l'avant-projet
du rapport de la Banque mondiale, «trop sensible» et susceptible
de «provoquer des troubles sociaux». Une carte détaillée
des endroits les plus touchés par la mortalité due à
la pollution aurait également été caviardée.
Le rapport, pas encore publié, aurait cependant été
exposé lors d'une conférence à Pékin en mars,
alors même que le Premier ministre, Wen Jiabao, axait son discours
d'ouverture de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire
sur les problèmes environnementaux.
Interrogé
par le FT, Guo Xiaomin, ancien membre de la Sepa chargé de coordonner
l'équipe de recherche chinoise pour l'étude de la Banque
mondiale, a justifié la censure en expliquant que «la méthodologie
était peu fiable», et que les chiffres ne seraient «pas
compris». Il a ajouté qu'il ne jugeait pas nécessaire
d'alourdir un rapport déjà très épais.
Décès
évitables. Dans la partie manquante de l'avant-projet, les
estimations font apparaître que la pollution de l'air des villes
chinoises provoque la mort prématurée de 350 000 à
400 000 personnes chaque année. 300 000 autres mourraient en raison
de la mauvaise qualité de l'air à l'intérieur des
bâtiments, comprendre l'enceinte des ateliers et des usines. Dans
les campagnes, la mauvaise qualité de l'eau entraînerait 60
000 décès évitables. Les officiels de la Sepa et du
ministère de la Santé ont refusé de répondre
aux questions du FT . Leur discours habituel, fondé mais pas franchement
satisfaisant, est que les émissions chinoises sont dues principalement
aux entreprises étrangères installées en nombre sur
son territoire. La Banque mondiale a déclaré que les conclusions
du rapport étaient encore à l'étude, et qu'elles seraient
bientôt rendues publiques.
*
Un opposant à la stérilisation battu en prison (Libération)
par Pascale Nivelle, QUOTIDIEN : lundi 9 juillet 2007
La femme d'un
célèbre dissident aveugle dénonce les violences qu'il
a subies.
Sur son tee-shirt
blanc, la photo d'un bel homme souriant derrière ses lunettes noires.
Le portrait de son mari, l'avocat aveugle Chen Guangcheng, condamné
en août à une peine de quatre ans et trois mois de prison
pour avoir dénoncé la politique de stérilisation forcée
dans sa province du Shandong, à l'est de la Chine.
«Complice».
Chen, 35 ans, officiellement emprisonné pour «troubles à
l'ordre public», est l'icône de nombreuses associations de
droits de l'homme. En atteste le courrier considérable que reçoit
sa femme, Yuan Wei Jing, par l'intermédiaire de ses avocats pékinois.
Les lettres, affranchies aux Etats-Unis, en France ou en Australie, s'empilent
par centaines, illisibles pour cette jeune institutrice provinciale jusque-là
coupée de tout contact avec l'Occident. Elle en fait des liasses,
qu'elle range à côté de sa pile de tee-shirts. Assignée
à résidence dans son village, cloîtrée dans
son appartement avec les deux enfants, un garçon et une fille, qu'elle
a eus avec Chen, en dépit de l'intraitable politique de l'enfant
unique, elle continue de se battre comme elle peut.
Yuan s'est
alors adressé aux dirigeants de la prison, qui ont refusé
de lui montrer le dossier médical, prétextant que Chen avait
déclenché l'incident et frappé d'autres détenus.
«Il est aveugle, dit sa jeune femme, incapable de se déplacer
tout seul.»
Depuis, ses
avocats ont été tabassés par de mystérieux
voyous, et les pétitions internationales contre l'emprisonnement
poli-tique de Chen restent lettre morte. «L'enjeu est immense pour
les autorités», dit Hu Jia, ami pékinois de Yuan et
militant célèbre, «la politique de l'enfant unique
fait des millions de mécontents en Chine. Si jamais ces gens-là
commencent à se révolter, c'est la fin de l'harmonie sociale».
*
Le fisc chinois et les enfants interdits (le Monde)
C'est une simple
feuille. Une feuille qui tremble entre ses mains. Une feuille qui l'indigne.
Ce commerçant relit pour la énième fois sa "facture"
et redit son indignation : "Pourquoi devrais-je payer une somme pareille
? 6 000 yuans (581 euros) parce que j'ai eu quatre enfants ?" Dans le village
de Dungu, entre rizières fluorescentes et reliefs tourmentés
de montagnes en pain de sucre, la colère gronde contre les fonctionnaires
du planning familial qui s'emploient, de force plutôt que de gré,
à imposer un strict respect du contrôle des naissances.
"Pourquoi voulez-vous
que je paye sur la foi de ce bout de papier sans tampons ? interroge le
commerçant. Mon argent risque de filer directement dans la poche
de l'agent du planning familial." Prudent, l'homme refuse de dire son nom.
Sa "facture" lui ordonne de payer dans les deux jours une "taxe sociale
de compensation" en application de la loi en vigueur depuis 1979 : un enfant
seulement pour les Chinois des villes, deux pour les Chinois des champs,
mais seulement si ces derniers ont connu la déveine d'avoir une
fille. L'Etat laisse alors une seconde chance aux paysannes pour leur permettre
d'enfanter un garçon.
Seules certaines
minorités ethniques, comme les Tibétains, ne sont pas soumises
à ces obligations. En une trentaine d'années, trois cents
millions de naissances ont ainsi été évitées,
selon les chiffres officiels. Les quatre rejetons du commerçant,
âgés de 18, 16, 11 et 9 ans, ont failli lui coûter cher.
Mais le jour où les agents sont revenus, il a convoqué des
copains, quelques costauds, et les agents sont repartis penauds, sans rien
pouvoir lui arracher. "Comment voulez-vous que je paie une somme pareille
?", lâche-t-il, assis derrière le comptoir de son épicerie
de village en allumant une grosse pipe en bambou.
A Dungu, comme
ailleurs dans plusieurs cantons de la province du Guangxi, la colère
gronde si fort que, depuis une quinzaine de jours, des milliers de personnes
se sont vengées contre les bâtiments officiels. Le 19 et le
20 mai, ici comme dans sept autres cantons du district de Bobaï, la
foule a brûlé des voitures, donné l'assaut aux sièges
des gouvernements municipaux ou aux bâtiments abritant les locaux
du planning familial. Mardi 29 mai, deux villages d'un autre district,
celui de Rongxian, ont connu des troubles et des batailles rangées
avec la police. L'agence de presse Chine nouvelle a confirmé que
des émeutes avaient bien eu lieu, un aveu assez rare. Une trentaine
de personnes, de source officielle, auraient été arrêtées.
Des rumeurs non confirmées ont fait état de plusieurs morts.
A l'entrée
de Dungu, dans un autre quartier, un groupe de paysans prend le frais devant
de petites maisons de pierre à l'approche de la nuit. Torse nu,
un homme, qui préfère ne pas s'identifier comme le reste
des villageois, est assis sur un minuscule tabouret. Il explique calmement
les raisons de la colère : "Ce n'est pas tant le contrôle
des naissances qui nous gêne que la façon dont il est appliqué.
Rendez-vous compte : les types du planning familial débarquent chez
les gens, vêtus de treillis militaires, casqués, armés
de gourdins. Tous ceux qui refusent de payer les amendes voient leurs biens
confisqués ! Les agents démontent les fenêtres, les
portes, s'emparent des ustensiles de cuisine..."
MÉTHODES
MUSCLÉES
Un vieillard
au visage mangé d'énormes lunettes intervient, allongeant
les bras : "Parfois, ils forcent les femmes qui n'ont pas la permission
d'être enceinte à avorter !" En vertu de la loi, les grossesses
des femmes sont en effet sévèrement réglementées.
Pourquoi une
telle violence ? Parce qu'en janvier, le gouvernement central s'est ému
de constater que les directives concernant le contrôle des naissances
étaient de moins en moins respectées ; et que les fonctionnaires
trafiquaient les quotas. Pékin a donc tancé les responsables
provinciaux et édicté de nouvelles directives, remettant
ainsi au goût du jour des pratiques que l'on pensait être en
voie de disparition : à Bobaï, affirme un journal hongkongais
critique de Pékin, Apple Daily, de nouvelles règles auraient
été imposées aux agents du planning familial : d'ici
au mois d'août, avance le quotidien, chacun d'entre eux doit prouver
qu'il a contribué à la stérilisation d'un homme ou
d'une femme et doit avoir collecté une amende d'au moins 50 euros
! Faute de quoi, les promotions sont supprimées.
Il y a quelques
semaines, lors d'un colloque organisé à l'Université
du peuple de Pékin, le chef du bureau national du planning familial,
Zhang Weiqing, s'était inquiété des perspectives d'un
nouveau "rebond" démographique. Parce qu'à la campagne, les
paysannes continuent de se marier trop tôt et que, en ville, les
riches sont prêts à payer des amendes coûteuses pour
fonder une famille nombreuse.
Il n'en fallait
sans doute pas plus pour que, dans des régions comme le Guangxi,
une "région autonome" assez pauvre de 46 millions d'habitants, peuplée
notamment de membres de l'ethnie Zhuang, les méthodes musclées
des fonctionnaires provoquent des explosions de violence. "Nous sommes
pour le planning familial !", clament en choeur les villageois. Mais tous
ont trois, quatre, voire cinq enfants. Ici, les quotas ont été
violés depuis belle lurette !
Ce qui s'est
passé en mai dans la région est comme le précipité
des menaces de désordres sociaux affectant la quatrième puissance
économique mondiale : écart croissant de revenus entre les
citadins et les paysans, corruption endémique des fonctionnaires
provinciaux, rigidité des mentalités au pays du parti unique
et attachement aux traditions dans le monde rural. La Chine des campagnes
donne parfois l'impression d'être assise sur un volcan.
COLÈRE
SOUS UN CIEL DE PLUIES
Dans la presse
officielle, le chef du district de Bobaï, Huang Shaoming, a dû
reconnaître, au lendemain des émeutes, que "la façon
de travailler" des fonctionnaires locaux était peut-être en
partie à la source "des problèmes"...
A Dungu, notre
commerçant confirme ces chiffres : "Ils nous demandent maintenant
de payer les "arriérés" pour des enfants désormais
adolescents : 2 000 yuans (194 euros) par année de retard pour chaque
enfant." Sous les ciels de pluies du Guangxi, la colère n'est peut-être
pas près de retomber.
Bruno PhilipArticle
paru dans l'édition du 06.06.07.
*
La Chine exécute l'ancien patron de la santé publique (le
Figaro)
L'État-parti
veut frapper vite et fort pour calmer la tempête levée par
des scandales de corruption à répétition.
L'AVALANCHE
de scandales sanitaires qui déferle sur le « made in China
» a fait une victime de plus hier : Zheng Xiaoyu, 63 ans, ancien
patron de l'Agence chinoise de contrôle alimentaire et pharmaceutique,
a été livré au bourreau dans la banlieue de Pékin.
Il est devenu le premier dignitaire exécuté de l'ère
Hu Jintao. La mise à mort de ce communiste grand teint, de ce ministre,
ressemble à un coup de relations publiques. Elle vise sans doute
à calmer la tempête déchaînée, dans le
pays comme à l'étranger, par des révélations
en série sur des aliments avariés et des médicaments
frelatés. L'image de la Chine, le carnet de commande de ses puissants
exportateurs et l'intérêt de ses clients étrangers
en dépendent. L'État-parti a voulu frapper vite et fort.
Procès
à huis clos
Pourtant, les
derniers scandales, tels le sirop pour la toux au glycol qui a tué
des dizaines de Panaméens, les croquettes qui viennent de décimer
les animaux de compagnie aux États-Unis ou encore les jouets au
plomb expédiés en Occident avant Noël peuvent difficilement
être imputés à un responsable démis il y a deux
ans. L'exécution de Zheng risque plutôt de braquer le projecteur
sur une inquiétante convergence chinoise : la vanité de la
plupart des contrôles, la corruption qui gangrène les étages
de la dictature et pour finir l'application expéditive de la peine
de mort quand le reste a échoué.
Zheng Xiaoyu
a été condamné à la peine capitale le 29 mai
pour « corruption passive et négligences », au bout
d'un procès tenu à huis clos. La justice lui reproche d'avoir
touché 6,5 millions de yuans (700 000 euros) en échange de
l'approbation de médicaments mal testés par les laboratoires
chinois. L'un d'entre eux, un antibiotique, a causé la mort d'une
dizaine de patients.
Zheng, mis
à la retraite en 2005, a été arrêté l'an
dernier. Il fut bientôt suivi derrière les barreaux par sa
femme et par son fils. À l'énoncé de la sentence,
Pékin avait fait savoir sans détour qu'un appel serait rejeté.
La presse chinoise a signalé l'épuisement des recours juste
avant l'annonce de l'exécution. L'agence officielle, Xinhua, n'a
pas précisé si le supplicié a subi un tir dans la
nuque ou une injection létale. L'application de la peine capitale
à un homme du sérail et surtout la rapidité de la
procédure laissent perplexes les juristes chinois.
La mauvaise
presse suscitée à l'étranger par le déferlement
des scandales sanitaires est accablante, à l'approche d'olympiades
dont Pékin veut faire la vitrine éclatante de sa modernisation
économique et technologique. Mais ce n'est peut-être qu'une
partie de l'explication. Après un procès en catimini, l'élimination
de l'accusé numéro un enterre le dossier au moment où
des avocats plus courageux que les autres commençaient à
faire circuler la liste, restée confidentielle, des groupes qui
crachent au bassinet. En Chine, les corrompus paient rarement ; les corrupteurs
plus exceptionnellement encore, surtout s'ils sont influents.
Dérive
mafieuse
À
cette urgence s'en ajoute une autre, plus politique. À l'approche
d'un congrès décisif du PC, l'équipe Hu Jintao veut
faire sentir qu'elle a la situation en main. Zheng a eu le tort d'incarner
au mauvais moment la dérive mafieuse d'une bonne partie de l'appareil.
Dans son cas comme dans beaucoup d'autres, les Chinois parlent de «
parapluies noirs », responsables officiels qui monnaient au prix
fort les passe-droits et les protections. Le dossier sanitaire n'est qu'un
aspect du cancer. L'incapacité de la Chine à réduire
ses émissions polluantes, ou encore la découverte récente
de réseaux d'esclavage organisés, n'a pas d'autre explication
: à Pékin et ailleurs, nombreux sont les commis de l'État
qui ferment les yeux en se remplissant les poches.
.
*
Benoît XVI défend ses ouailles en Chine (Libération)
QUOTIDIEN :
lundi 2 juillet 2007
La Chine est
un pays officiellement athée, et le Vatican n’a pas à s’immiscer
dans ses affaires intérieures au nom de la religion, rappellent
les autorités de Pékin à Benoît XVI. Dans une
longue lettre envoyée samedi aux catholiques chinois, le pape a
critiqué les restrictions exercées par le pouvoir chinois
sur la liberté de culte, qui «étouffent l’activité
pastorale» et sèment la division parmi les fidèles,
réclamant «une authentique liberté religieuse».
«Réaliste».
«S’il est prêt à améliorer les relations avec
la Chine, le Vatican doit agir plutôt que de créer de nouveaux
obstacles», a répliqué dans un communiqué
très court le ministère des Affaires étrangères,
rappelant son leitmotiv : «Le Vatican doit interrompre ses prétendues
relations diplomatiques avec Taiwan et reconnaître que la République
populaire de Chine est le seul gouvernement». Une attitude
«réaliste», selon Pékin. Benoît XVI,
qui souhaite «une normalisation», a pourtant mis les
formes, dans sa lettre publiée en mandarin sur le site du Vatican
et surtout destinée aux 8 à 12 millions de pratiquants chinois
: «Il est vrai que, ces dernières années, l’Eglise
jouit en regard du passé d’une plus grande liberté»,
«le Saint-Siège demeure ouvert aux négociations qui
sont nécessaires pour dépasser le difficile moment présent»,
ajoute-t-il, «mais on ne peut nier que demeurent de graves limitations
qui touchent le cœur de la foi». «Je suis conscient que la
normalisation demande du temps et qu’elle présuppose la bonne volonté
des deux parties», dit aussi Benoît XVI, qui a raison
sur ce point.
Durcissement.
L’histoire est déjà longue entre les deux Etats. En 1951,
le Vatican a reconnu Taiwan, où s’était enfui le nonce apostolique.
Le gouvernement de Pékin, obsédé par le retour de
l’île rebelle dans la «mère patrie», a alors
obligé les -catholiques à couper tout lien avec le Saint-Siège,
et a cessé ses relations diplomatiques. Depuis 1957, les fidèles
ne sont autorisés à pratiquer qu’au sein de l’Association
-catholique patriotique de Chine, entièrement contrôlée
par l’Etat communiste. Persécutés -durant la Révolution
culturelle, ils ont profité des -années 80 pour se réorganiser,
certains dans le giron de l’Eglise -patriotique. Les autres, 30 à
40 % selon le -Vatican, ont créé des Eglises -clandestines,
qui sont plus ou moins tolérées aujourd’hui en Chine.
Il y aurait
130 diocèses, 80 évêques officiels en Chine, dont 90
% sont reconnus par -Rome, selon les spécialistes. Le principal
écueil, pour des -relations normalisées, reste la nomination
des évêques, dont Pékin veut garder la prérogative.
En 2006, l’ordination de trois évêques de l’Eglise -patriotique
sans l’accord du Vatican a provoqué un durcissement très
net. Après deux millénaires européens et américains
fastes pour les catholiques, le pape espère que le troisième
sera asiatique : « Une grande moisson de foi sera recueillie dans
le vaste et vivant continent asiatique», écrit-il dans
sa lettre aux Chinois. Cela ne semble pas entrer dans les projets immédiats
de -Pékin.
*Chine
: 400 villes nouvelles à construire (les Echos)
Urbanistes
français et chinois se penchent sur le développement des
villes appelées à accueillir 300 millions de citadins à
l'horizon 2020.
Alors qu'une
exposition sur l'architecture chinoise se prépare à Chaillot
à la Cité de l'architecture et du patrimoine, plusieurs urbanistes
et architectes français ont rencontré début juin à
Pékin leurs homologues chinois pour renforcer une collaboration
amorcée depuis des années et pour confronter leurs expériences.
Une exposition, « La Ville projetée », présentée
au musée de l'urbanisme de la capitale chinoise a retenu 56 projets
illustrant la production urbaine et architecturale française. Autour
de cette manifestation, un colloque, le deuxième du genre («
Les Echos » du 19 avril 2005), sur le thème « Penser
la ville de demain », organisé par l'Afex (Architectes français
à l'export) et Ubifrance, avec les représentants économiques
et culturels de l'ambassade de France à Pékin, s'est tenu
le 7 juinà l'occasion de la clôture du festival Croisements,
dans le prolongement des « années croisées »
France-Chine.
L'urbanisation
des villes chinoises s'accélère. L'enjeu est de taille :
aujourd'hui, la moitié des activités à l'export des
architectes de l'Hexagone se déploie dans l'empire du Milieu. Une
cinquantaine d'agences françaises y ont des projets. Les dernières
statistiques fin 2005 recensaient 4,3 milliards de mètres carrés
en chantier dans les 31 régions de ce pays 20 fois plus grand que
la France, notamment aux abords des grandes concentrations urbaines. Déjà
15 villes chinoises abritent plus de 4 millions d'habitants, près
de 500 villes en accueillent plus de 500.000 et, pour tenter de maîtriser
un étalement anarchique, 400 villes nouvelles s'édifient
dans les périphéries des mégapoles. Curieuses de connaître
le processus de création des villes nouvelles françaises,
les autorités chinoises s'intéressent à la politique
volontariste appliquée notamment en région parisienne dans
les années 1960.
Conscientes
des dangers de la précipitation inhérente à l'obligation
d'agir dès à présent pour accueillir les 300 millions
d'habitants - 12 millions par an - qui frappent aux portes des villes,
elles tentent de s'imprégner des expériences étrangères
pour en éviter les erreurs. Ce scénario de 60 % de citadins
d'ici à 2020 accélère le rythme de la construction,
en particulier à Pékin à 420 jours de l'ouverture
des jeux Olympiques, événement majeur pour l'urbanisme et
l'architecture, et démonstration du prestige international de la
Chine. Les grues s'affairent sans relâche.
A voir aujourd'hui
la carcasse de l'arche monumentale des futures tours de la télévision
CCTV, dessinée par l'architecte hollandais Rem Koolhaas, personne
ne peut croire que ses 700.000 m2 seront livrés à l'été
2008 ni que ses 35.000 employés disposeront des transports publics
pour s'y acheminer. Longtemps arrêté, le chantier de l'Opéra
de Pékin, conçu par Paul Andreu, touche à sa fin et
les fauteuils des trois salles de concert attendent l'inauguration officielle,
fixée à janvier prochain. Les travaux de l'ambassade de France
d'Alain Sarfati devraient démarrer début 2008.
La résille
d'acier du stade olympique, oeuvre des architectes suisses Herzog et de
Meuron, impose sa silhouette à l'entrée du parc olympique,
à trois kilomètres au nord de la Cité interdite, près
d'un lac en forme de dragon et face au cocon lumineux et translucide de
la piscine.
Le site reste
fermé au public « pour ménager l'effet de surprise
», explique Shao Weiping, architecte général du BIAD
(Beijing Institute for Architectural Design), qui, lors d'une tableronde
animée, a défini les grandes lignes de l'aménagement
de ce véritable « challenge sportif » avec ses équipements
et ses espaces de déambulation hiérarchisés. Tous
les bâtiments consacrent le mariage de la tradition et de la culture
de Pékin avec la modernité que reflète le recours
à des matériaux contemporains et des concepts techniques
sophistiqués. Après avoir lancé une consultation internationale
pour le schéma directeur de ce parc, les autorités ont préféré
retenir des équipes locales, publiques et privées.
Différence
d'échelle
Inspirés
pendant des décennies par le modèle soviétique de
fabrication des villes qui juxtaposait des éléments sans
souci de les relier, les Chinois veulent renouer avec leurs traditions
et faire éclore leur architecture propre. Ce pays, qui, selon la
Banque mondiale accueillerait d'ores et déjà la moitié
de l'activité de construction dans le monde, est confronté
à tous les problèmes en même temps - procédures,
formation des hommes, choix et mise en oeuvre des matériaux -, et
se montre sensible à une approche plus fine de composition urbaine.
Il a fait appel depuis plus d'une décennie à de nombreux
architectes français pour réaliser non pas des tours mais
des projets « emblématiques », tels l'Opéra de
Pékin, le Centre des arts orientaux et l'aéroport de Shanghai
(Paul Andreu) ; l'Opéra de Shanghai, l'aménagement de la
rue de Nankin et l'avenue du Siècle à Pudong, appelée
les Champs-Elysées de Shanghai (Arte Charpentier) ; le musée
de la capitale et la gare de Xi Zhi Men à Pékin (Arep) ou
l'Ecole nationale d'administration publique, l'ENA chinoise, à Pudong
(Anthony Béchu)...
Encouragés
à maîtriser l'extension de leurs mégacités,
les urbanistes chinois souhaitent recoudre les quartiers et redécouvrent
la nécessité de sauvegarder leur patrimoine. Ils sont certes
capables, pour l'avoir toujours fait, de démolir pour reconstruire
à l'identique des rues entières, mais préfèrent
instaurer la protection de certains secteurs, rompant ainsi avec une pratique
aveugle de démolition - « du passé, faisons table rase
». Plusieurs acteurs français sont consultés pour réhabiliter
des pans entiers de villes. Entre autres, l'agence Arte Charpentier à
Zheng Zhou participe à la greffe de 2,5 millions d'habitants sur
une ville qui en compte 2 millions. Anthony Béchu redessine les
portes et les douves du coeur historique de la ville de Pingyao et Architecture
Studio s'attelle au projet de développement de Chongqing qui, situé
à l'intérieur des terres, compte déjà 12 millions
d'habitants, en absorbe 200.000 nouveaux chaque année, et pourrait
rapidement devenir la plus grande métropole du pays, devant Shanghai
(près de 20 millions) et Pékin (15 millions).
Les Chinois
requièrent désormais l'installation des architectes français
dans leur pays pour mener efficacement leurs travaux, avec cette préoccupation,
récente : trouver des solutions innovantes pour économiser
l'énergie à l'heure où deux tiers de leur consommation
sont liés aux transport et à la construction. Les nouveaux
bâtiments devront permettre l'économie de 50 % d'énergie
par rapport aux standards actuels. Une première expérience
de quartier « environnemental » fut conduite dans la ville
nouvelle de Wan Li, où 30 % d'espaces verts ont été
aménagés - 50 % sont exigés aujourd'hui dans les nouvelles
urbanisations en France. Elle a obtenu le Grand Prix de l'urbanisme en
2000 à Shanghai.
Dans l'une
des villes les plus polluées du monde, les 24es Olympiades sont
aussi placées sous le signe du respect de l'environnement et se
veulent les « Jeux verts ». Ces mêmes JO ont accéléré
le recours à l'acier dans la construction. « Presque inconnu
en 1980, l'usage de ce matériau connaît un développement
rapide, déclare John Fu, d'ArcelorMittal : en 2004, le volume d'acier
dans la construction a porté sur 14 millions de tonnes, représentant
5 % de la production totale d'acier en Chine, et on prévoit de monter
à 10 % en 2010 avec 45 millions de tonnes. » Autre nouveauté
: l'apparition d'une nouvelle génération d'architectes chinois
autorisés à monter des agences privées aux côtés
des instituts d'urbanisme de l'Etat et des collectivités locales.
L'exposition
« La Ville projetée » poursuivra son itinérance
en juillet à Shenyang, dans la Chine du Nord, aux portes de la Corée.
« Elle sera présentée au public chinois dans la Cité
interdite », annonce Madeleine Houbart, secrétaire générale
de l'Afex et commissaire de l'exposition, pour qui « la ville durable
est une ville désirable ».
LE MONDE | 09.07.07 | 17h51
• Mis à jour le 09.07.07 | 17h51
Selon les associations où
le tai-chi-chuan est enseigné, ce sport est présenté
soit comme un exercice d'assouplissement et de relaxation, soit comme une
forme de combat. Ses origines s'appuient sur la philosophie taoïste
fondée sur le yin et le yang, la force et la faiblesse. La légende
veut qu'un moine, nommé Chang San Feng, surprit un jour par la fenêtre
un combat entre un oiseau et un serpent. La souplesse et l'ondulation du
reptile opposées à la vitesse et à l'esquive de l'oiseau
lui inspirèrent cet art martial. Mais les historiens s'accordent
à dire que c'est un paysan, Yang Lu Chan, qui, à la fin du
XVIIIe siècle, fonda sa propre école.
Il y a quelques
jours, la photo de son homme sur la poitrine et sa fille de deux ans sur
le dos, elle a déjoué la surveillance de ses gardiens, postés
en permanence au bas de son immeuble. Elle a escaladé trois murs
et a pris un train pour la capitale, afin de voir les avocats de son mari.
«Chen m'a dit de le faire. Il a peur qu'il m'arrive quelque chose.
Je suis considérée comme sa complice.» La dernière
fois qu'elle a pu le voir dans la prison de Linyi, Yuan l'a à peine
reconnu : «Le 16 juin, les gardiens ont voulu lui raser le crâne,
comme à tous les autres prisonniers. Il a refusé, disant
qu'il était innocent et ne voulait pas être marqué
par ce symbole. C'est là que les gardiens l'ont battu, à
coups de pied et de poing. Puis ils se sont mis à 6 ou 7 pour terminer
la séance de rasage. Je l'ai vu trois jours plus tard, il était
encore gonflé et plein de bleus. Il ne voulait plus manger.»
«Piège».
Ils se sont rencontrés en 2001, Chen, avocat autodidacte, débutait
ses combats. Il a gagné un premier procès à Pékin,
dénonçant l'interdiction pour les aveugles non résidents
de la capitale de prendre le métro. Puis il a défendu les
paysans de sa province, frappés de toutes les discriminations possibles.
Au printemps 2005, lorsque les autorités de la province du Shandong
ont lancé une campagne de stérilisation forcée pour
répondre aux quotas de naissances exigées par Pékin,
il s'est lancé dans la bataille, enquêtant, alertant les médias
et les associations de droits de l'homme, saisissant les tribunaux. «Il
savait ce qu'il risquait, dit sa femme, mais, dans notre ville, il y avait
jusqu'à cent avortements par jour, il fallait faire vite pour arrêter
ça.»
En août,
il était placé en résidence surveillée. Au
mois de mars suivant, sorti de chez lui pour défendre un de ses
cousins qui se faisait tabasser par la police sous ses fenêtres,
il a été arrêté. «C'était un piège»,
dit sa femme. Lors de son procès, en août 2006, des témoins
ont été kidnappés, des avocats empêchés
d'entrer dans le tribunal. La peine, qui se veut «exemplaire»,
a été confirmée en appel en novembre, lors d'un procès
encore plus vite expédié que le précédent.
LE MONDE |
05.06.07 | 14h52 • Mis à jour le 05.06.07 | 14h52
CANTON DE
DUNGU (GUANGXI) ENVOYÉ SPÉCIAL
Le montant
des "taxes sociales de compensation" semble en tout cas avoir été
l'objet d'une ahurissante inflation dans des coins reculés où
l'on a du mal à gagner 2 euros par jour : des articles dans la presse
de Hongkong font état d'amendes variant entre 1 200 et 2 000 euros
pour le premier enfant "de trop" ! Les sommes peuvent doubler pour le second,
tripler pour le troisième.
De notre correspondant
à Pékin JEAN-JACQUES MÉVEL.
Publié
le 11 juillet 2007
Actualisé
le 11 juillet 2007 : 08h21
Pékin
critique les accusations portées par le pape sur la liberté
de culte. Par P.N. (avec AFP, Reuters)
http://www.liberation.fr/actualite/monde/264649.FR.php
© Libération
14/06/07